Garou : Phénomène naturel
La semaine où GAROU sortait son deuxième album studio, Reviens, on a pu voir la grosse mais formidable machine promotionnelle se mettre en branle: lancement aux allures de spectacle bien rodé, émissions de télé ici et en France, entrevues à la chaîne et à un rythme infernal… Au milieu du tourbillon, Voir l’a rencontré.
Qu’on le veuille ou non, Garou est devenu, avec quelques chansons et beaucoup de travail, un immense phénomène médiatique et, disons-le, commercial. Mais tous, fans ou pas, s’entendent pour dire que le chanteur est resté le jeune homme simple et passionné qu’il était à ses débuts dans les bars de Sherbrooke. N’empêche qu’il faut aussi un talent autre que musical pour parvenir à concilier passion et business. Si Garou reste l’une des personnes les plus faciles à interviewer et qu’il est d’une honnêteté désarmante, il n’en demeure pas moins qu’il doit composer avec les lois du milieu dans lequel il joue. Questions à un chanteur lucide et conscient de son statut privilégié.
La perception que la plupart des gens ont de toi est que, malgré ton immense succès est que tu es un des chanteurs qui reste le plus sympathique et authentique.
"C’est mon mot préféré, authentique. Je ne me force pas pour l’être mais je me bats tous les jours pour le rester, parce qu’inévitablement, tout ce succès fait qu’on dirait que tout le monde veut te changer. Et là, on parle même des grands amis, car ils te voient d’une façon différente, on n’y échappe pas. Tu en viens à ne plus avoir beaucoup de temps pour toi, donc tu n’as plus de temps à leur consacrer non plus, et ils entendent plus parler de toi par les médias que par toi-même! On dirait que tout et tout le monde change autour de toi… Qu’on le veuille on non, on entre ainsi dans un jeu; bien des gens commencent à jouer avec toi. Il y a beaucoup de manipulateurs dans ce métier-là… comme dans bien des métiers! Mais d’un autre côté, il y a tellement d’avantages… Nous sommes là pour vendre du rêve, et la dernière chose que je voudrais faire est de montrer à tout le monde que ça pourrait être plate."
Pourtant, plusieurs chanteurs ou artistes avouent que le succès peut facilement couper de la réalité…
"En fait, on se construit une réalité. Par contre, c’est vrai que je suis moins concentré sur la musique parce que, depuis quelques années, elle est devenue plus compliquée pour moi, car elle implique beaucoup plus de paramètres que durant mes années dans les bars où je pouvais expérimenter plein de genres. La musique a donc maintenant une image et une façon d’être présentée dans ce que je fais."
À ce compte-là, retournerais-tu dans les bars en voyant que ça deviendrait malsain pour toi?
"Ah oui, je retournerais dans les bars facilement! Oh oui!"
Ton idéal ne serait-il pas justement de retourner en arrière, vers quelque chose de différent?
"Mon idéal, c’est d’essayer différents trips, dans l’optique de pousser les choses le plus loin possible. Mais je suis très bien avec ce que je fais et je sais que j’ai beaucoup à donner dans cette façon de faire."
Mais le succès que tu connais te permettrait pourtant de dire: "J’ai fait ce que j’avais à faire, je ne dois plus rien à personne et je retourne faire ce que je veux, peu importe ce qu’on en dira…"
"Non, jamais je ne serai irrespectueux comme ça. Je vois des artistes qui disent: "Je suis écœuré, ça me tente de faire mes petites affaires et seulement ce qui me tente…" Je ne les critique pas, mais je ne suis pas comme ça. Si je suis là aujourd’hui, c’est grâce à ceux qui m’ont encouragé depuis le début, avec leurs sourires et leurs applaudissements. C’est pour ça que je fais ce métier-là, et je vais le respecter toute ma vie."
Donc, tu restes toi-même en faisant ce que tu fais aujourd’hui?
"Oui, mais c’est aussi ma responsabilité. J’ai choisi de faire ça, ce n’est pas la faute du monde. C’est certain que si je fais un nouvel album et que personne ne l’aime, je devrai me poser des questions et me dire que je devrais prendre une autre tangente. Pas parce que je suis une pute qui veut faire seulement ce que les autres aiment, mais seulement parce que je le fais pour le monde… C’est comme une relation; il s’agit de faire les bonnes concessions sans se transformer et en restant soi-même. Et trop, c’est comme pas assez."
Le 15 avril
À l’aréna Robert-Guertin
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Reviens
Garou
(Sony)