Retour de son : David Bowie et The Polyphonic Spree
Le 4 avril au Colisée Pepsi
Le grandiose et l’intime
Tandis que l’équipe de sécurité du Colisée arrache avec un zèle prodigieux les pétards du bec des quelques spectateurs souhaitant prolonger l’effet "jovialisant" des Polyphonic Spree, un David Bowie que les années ne parviennent pas à éroder entame un concert presque sans faille. Les premières mesures de l’intro de Rebel Rebel à peine complétées, on devine déjà la performance calibrée, étalant brillamment plus de trois décennies de musique pop conjuguées avec intelligence et sensibilité. Un show où rien ne dépasse, où le meilleur fait habilement écran au pire. Ainsi, à l’interprétation tiède de certains classiques – dont un Heroes pâlot, un China Girl incolore et un Ashes to Ashes peinant à décoller -, Bowie oppose de lumineuses surprises, dont un vitaminique bloc consacré à l’époque Ziggy Stardust, incluant une version fidèlement décapante de Suffragette City. Complétée par quelques titres tirés çà et là de ses deux derniers essais – dont la très belle Slip Away qu’on retrouve sur Heathen – et d’honnêtes interprétations d’incontournables (Under Pressure, Modern Love, The Man Who Sold the World, Fashion, Fame…), la proposition de l’affable duc blanc donne la pleine mesure de son génie, imposant avec grâce la cohabitation du présent et du passé, mais aussi celle du grandiose et de l’intime. (D. Desjardins)