Metal Urbain : Punk fiction
Musique

Metal Urbain : Punk fiction

C’était à la fin des années 70, bien avant Ludwig Von 88 ou Bérurier Noir. Les Français de Metal Urbain vivaient déjà leurs délectables moments punk depuis qu’ils avaient fusionné le son décapant des Stooges à celui plus avant-gardiste, expérimental et électronique de Robert Fripp et Brian Eno. Un peu comme un anachronisme, Metal Urbain vivait un chaos total, marquant ainsi les annales par sa singularité. Peu de temps après sa fondation, le groupe perdait d’ailleurs son chanteur et changeait de nom pour Metal Boys, pour ensuite s’éclipser au tournant des années 80. Quasi introuvable, leur testament sonore fut alors qualifié de synth-pop, industrial noise et punk psychédélique décapant. Tous des qualificatifs fréquemment utilisés aujourd’hui lorsque vient le temps de causer d’électro-clash.

En effet, l’évolution de la musique électronique vient maintenant de rattraper, et par le fait même de ressusciter, des pionniers comme Kraftwerk, et Metal Urbain qui connaît une deuxième vie depuis la réédition de son matériel par les étiquettes Acute, Carpark et Seventeen. Les membres du groupe – aujourd’hui dans la quarantaine avancée – tournaient même pour la première fois en Amérique du Nord en novembre dernier et reviennent nous visiter cette semaine. "Il ne faut pas croire que le courant électro-punk revienne à la mode, explique Éric Débris (DR Mix), membre original et chanteur actuel de Metal Urbain. Je crois en fait que c’est nous qui nagions à l’époque en pleine science-fiction. Vingt-cinq ans plus tard, notre musique concorde avec ce qui se fait présentement."

Sent-il alors une vraie différence avec le passé? "Je t’avouerai que le rapport avec le public était vachement plus agressif à l’époque. Bien que nous le soyons toujours, nous avons moins l’impression d’être un groupe punk. En 70, le mouvement punk cherchait vraiment la révolution. Il fallait être dur et provoquer l’assistance. Aujourd’hui, les gens sont toujours irrévérencieux, mais ils viennent nous voir pour avoir du plaisir, non pour foutre le bordel et faire les cons."

Profitant de l’engouement, Metal Urbain travaille à la composition d’un nouveau compact qui succédera à la réédition de Tokio Airport et à la compilation Anarchy in Paris! qui regroupe plusieurs vieux enregistrements de l’époque. En suivant une certaine logique, si les musiciens bidouillaient il y a 25 ans une musique maintenant actuelle, on se demande bien ce qu’ils nous pondront en 2004. Éric ne se fait d’ailleurs pas très rassurant sur le sujet. "De tout ce qui se passe sur la scène contemporaine, j’ai l’impression de ne rien découvrir. C’est un peu pour ça que nous sommes revenus, nous voulons provoquer les jeunes pour qu’ils créent quelque chose de différent."

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