Muse : Sans muser
Si la formation britannique Muse vient tout juste de pondre Absolution, un compact aux couleurs dantesques de fin des temps débutant par la plus que sérieuse Apocalypse Please, n’en reste pas moins qu’une nouvelle ère vient tout juste de naître pour le trio rock. Celle de l’Amérique du Nord.
Alors que Matthew Bellamy et ses copains pouvaient conquérir 18 000 personnes lors de concerts européens, leur deuxième album, Origin of Symmetry, ne se trouvait ici que dans les sections des importations dispendieuses. Pas très stratégique comme plan de marketing surtout lorsqu’on connaît tout le succès qu’obtiennent les groupes anglais en sol québécois. "Depuis nos débuts, nous avons travaillé avec plusieurs étiquettes indépendantes qui s’occupaient de nous dans leur propre pays, justifie Bellamy. C’est ce qui explique la quasi-absence de Muse chez vous. En fait, nous sommes venus deux fois en Amérique. La première pour signer un contrat avec Maverick à la fin des années 90, et la deuxième pour supporter Foo Fighters et Red Hot Chili Peppers lors de quelques dates dans le midwest américain. Notre entente avec Maverick aurait pu nous ouvrir quelques portes, mais cette association fut de courte durée puisque l’étiquette voulait changer l’identité du groupe. Maintenant que Absolution paraît sur Warner ( ironiquement, aussi propriétaire de Maverick (, la table est enfin mise pour s’attaquer au marché des États-Unis et du Canada." L’offensive canadienne augure bien pour Muse puisque après le spectacle de Toronto, qui a dû changer de salle après une affluence effrénée, on apprenait que les promoteurs montréalais emboîtaient également le pas, transférant le concert prévu au Cabaret dans le plus vaste Spectrum.
Bien fait pour nous, la formation débarque au pays au sommet de sa forme alors qu’Absolution mise sur un rock bien pesant et mature qui le distingue en quelque sorte de l’œuvre de Radiohead, principale source de comparaison pour Muse. Les compositions et les arrangements font preuve d’ambition (peut-être trop?) alors que les textes révèlent une vision apocalyptique de notre futur. "Évidemment, les derniers événements mondiaux ont joué un rôle dans les thèmes abordés, mais au moment d’écrire les textes, nous finissions tout juste une immense tournée qui, en réalité, dura 5 ans. Je revenais donc à la maison en adoptant un rythme de vie opposé que je ne connaissais plus. J’ai eu l’impression de vivre la fin d’une époque." L’extrapolation s’ensuivit. Matthew se mit à parcourir les sentiments ressentis par un humain qui voit la fin du monde à sa porte. "Je ne veux pas que les gens me croient torturé, ce n’est pas un truc auquel je pense chaque jour. Nous voulions seulement donner le ton au disque en ouvrant avec Apocalypse Please qui annonce l’anéantissement de l’Homme. La suite repose sur une gamme de chansons qui reflètent de façon plus réaliste et parfois plus optimiste le cheminement mental que peut vivre un humain dans ce contexte annoncé."
Pas surprenant alors qu’on retrouve le titre Thoughts Of A Dying Atheist en fin de parcours. "La mort est angoissante. Les gens qui adhèrent à une religion ont de la chance, car ils vivent convaincus de savoir ce qui leur adviendra une fois décédés. C’est avec de telles réflexions que j’aimerais bien être croyant."
Le 18 avril
Au Spectrum
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