Tagada Jones : Gage de rage
Depuis 10 ans, la formation bretonne Tagada Jones prend d’assaut les territoires francophones armée de décibels hurlants et d’appels à la résistance face aux aberrations de ce monde. Et le ton est loin de s’adoucir au fil du temps. Réalité oblige.
"À l’aube d’une nouvelle ère vouée au capitalisme sauvage, il serait un peu déplacé de diffuser d’innombrables remerciements. Ce disque est plutôt le triste reflet d’une société ultra-libérale à laquelle nous avons honte d’appartenir. Alors plutôt que de se faire des fleurs, nous vous invitons à prendre les armes de quelque moyen que ce soit: le boycott, l’information, ou toute forme de combat susceptible d’enrayer les mécanismes économiques et politiques. Avis à la population!"
Voilà ce qu’on peut lire à l’arrière du livret de L’Envers du décor, quatrième essai du quintette Tagada Jones lancé l’automne dernier. Sur un hardcore "électro-punké" des plus virulents, les Rennais y tirent à volonté sur la politique américaine, la pollution, le joug de la rentabilité, l’intégrisme, la manipulation génétique, l’effritement de la liberté d’expression… Pour le chanteur-guitariste Niko, un tel appel au peuple est essentiel si on veut l’aider à s’extirper du confort indifférent où médias et pouvoir le confinent sournoisement. "Je pense que les gouvernements ont vraiment bien réussi leur manœuvre d’installer les gens chez eux; ils vivent un peu tout seuls, égoïstement, en observant le monde à travers un poste de télé… On leur montre exactement ce qu’on veut et on réussit, du coup, à contrôler complètement la situation", déplore-t-il, à quelques jours de la grande envolée vers le Québec.
De tous les fronts avec ses compères Gus (chant, échantillonnage), Stef (guitare), Boiboi (batterie), et Seb (basse), Niko se réjouit de l’éveil d’une grande partie de la population qui ose s’exprimer de plus en plus. "Je ne suis pas non plus complètement négatif parce que vraiment, il y a une réelle prise de conscience. Sur tous les sujets, on voit beaucoup de gens qui se bougent, qui donnent des opinions; on constate que le peuple n’est pas d’accord. Ça prendra peut-être un peu de temps, mais je pense que les gens arriveront quand même à faire passer leurs idées et leurs messages…" Pour sa part, le groupe n’est pas près de fléchir au combat. Après une centaine de concerts depuis septembre, il prévoit demeurer sur la route encore une bonne année, tout en commençant la composition du prochain album, qui pourrait voir le jour au début de l’année 2006. Parions que les ballades à l’eau de rose s’y feront tout aussi rares.
Le 22 avril avec Bald Vulture
Au Maquisart
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