Edgar Bori : Fabuleux Bori
Edgar Bori aime les bandes dessinées. Petit, il inventait ses propres histoires alors qu’il tournait les pages des Astérix sans lire les bulles. Les dessins lui suffisaient.
S’il reste dans l’ombre, préférant chanter à contre-jour ou tout simplement derrière un paravent, c’est que le mystérieux chanteur québécois préfère la liberté. Dans la rue, il n’aura jamais à croiser le regard des étrangers qui pourtant le connaissent. Le public ignore son visage, et ça lui plaît.
Bien que le phénomène commercial Star Académie lui répugne, Bori comprend des artistes comme Paul Piché, Stefie Shock ou Zachary Richard qui s’impliquent dans l’émission. Il se dit que le gouvernement coupe sans cesse dans les subventions remises aux artistes et que ces derniers doivent assurer leur subsistance. "Mozart est mort de faim lorsque le roi l’a laissé tomber. Si tu voyais les chèques faramineux que Star Académie donne à certains artistes… On ne peut pas être contre lorsqu’on voit Zachary reprendre cet argent pour l’investir dans son coin de pays."
Rêveur et facétieux, il prévoit chanter a cappella sans micro dans le flambeau de la statue de la Liberté devant des milliers d’Américains entassés à Central Park pour le voir – non, pardon, pour l’entendre, ou enfin presque.
Le sport a toujours été un penchant naturel pour Bori. L’amant de l’œuvre de Reggiani et de Vian a même failli devenir une étoile du basket-ball. "Une université de Boston m’a approché alors que je jouais au collège. On parlait à l’époque de me donner des hormones qui auraient pu me faire grandir. Mes parents ont catégoriquement refusé. J’ai voulu me venger: je me suis entraîné pour devenir lanceur gaucher au base-ball. J’ai fini par devenir golfeur professionnel. Une carrière que j’ai menée pendant 12 ans. Je jouais 8 mois par année; le reste du temps, je suivais mes amis comédiens et musiciens en tournée."
Compositeur, sportif et homme d’affaires, à 22, 23 ans, Bori possédait le bistro jazz montréalais Le Petit Méné. "Avant d’être connu, Oliver Jones venait s’asseoir devant le Baldwin de l’établissement. L’été, nous ouvrions la porte et l’endroit se remplissait dans le temps de le dire. Charles Biddle l’accompagnait à la contrebasse. C’était fabuleux."
Edgar, que l’on compare à Sylvain Lelièvre, conserve précieusement l’un de ses premiers chèques de droits d’auteur, reçu au tournant des années 80. "Un montant de 2,73 $ pour une pièce (Gérard) que j’avais écrite pour Johnny Farago. Le texte racontait qu’il refusait les avances d’un homosexuel. C’était plutôt audacieux pour l’époque."
Entre ses voyages en France et le Festival en chanson de Petite-Vallée où il tient un rôle important d’organisateur, le musicien prend plaisir à donner un coup de pouce aux artistes que la vie met sur son chemin. Il possède sa propre boîte (Productions de l’onde) qui a sous son aile Jean-François Groulx et Catherine Major.
Edgar se dit enfant de la télévision. Des étincelles illuminent ses yeux lorsqu’il vous parle de Bobino, La Boîte à surprises et Sol et Gobelet. Il avoue même que son spectacle présenté au Gesù s’inspire légèrement de ces émissions alors qu’il tire un maximum de trois bouts de tissu et quatre chandelles. En lui offrant une résidence d’une semaine, le Gesù lui a permis de monter un concert théâtral et ludique qu’il travaillait depuis déjà bien longtemps. On promet un dépaysement total.
Voilà, dorénavant, vous savez qui est Bori. Vous l’avez même croisé la dernière fois que vous marchiez dans les rues d’Outremont.
Les 22 et 23 avril
Au Gesù
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