Pierrot Fournier : Trinité chansonnière
Brassens, Brel et Ferré sont réunis par PIERROT FOURNIER aux Oiseaux de passage.
"Il y a beaucoup de chanson fast-food dans ce marché contrôlé par la business, mais malgré ça, à travers ça, de très bons chanteurs et compositeurs ressortent. Et puis les gens ne demandent qu’à entendre autre chose, il faut leur faire davantage confiance." Ces propos de Pierrot Fournier montrent bien l’optimisme de celui qui mène désormais une double carrière d’auteur-compositeur et d’interprète, partageant son temps entre des hommages au grand Jacques Brel et des spectacles originaux.
À peu près résigné à ne pas voguer sur les ondes radiophoniques, cet artiste issu du Lac-Saint-Jean évite le cynisme en se concentrant sur son amour de la chanson, plus proche de la foi que du calcul. Une passion qui lui fut insufflée dès le plus jeune âge, alors qu’un ami de la famille fit entrer Brel dans la maison via une galette de vinyle. C’était vers 1957, et le Belge légendaire ne quittera plus les oreilles de ce 13e enfant du ménage.
Quelques années plus tard, en 1969, une image s’imposera: celle de Brel en compagnie de Georges Brassens et de Léo Ferré lors de leur célèbre entrevue commune. C’est alors que Ferré lança l’idée d’un spectacle collectif, projet dont on sait qu’il ne se concrétisera jamais. Si la chose fait alors rêver Pierrot Fournier, ce n’est que trois décennies après, en 2001, qu’il en viendra à "réunir" ces trois géants dans une même prestation, pour laquelle il s’amène à nouveau aux Oiseaux de passage cette semaine. "C’est un endroit idéal pour ce genre de spectacle, statue Fournier. D’ailleurs, il est bien dommage que Pierre Jobin en ferme les portes en juin, surtout qu’il y a peu d’autres salles comparables." Dans une répartition à peu près égale, on pourra apprécier le trio Brassens-Brel-Ferré dans la perspective que lui donne l’interprète. Modifiant le répertoire au fil du temps, ce dernier n’en finit pas de redécouvrir ces œuvres toujours aussi imposantes et singulières.
Alors qu’il se produisait l’an dernier avec l’OSQ dans un hommage à Brel format symphonique, le chanteur se montre tout aussi enthousiaste lorsqu’il revient au cadre intime de la boîte à chansons. C’est d’un mouvement comparable qu’il passe de l’interprétation d’autrui à ses propres œuvres, dont la diffusion est nécessairement plus ardue. Après l’expérience d’autoproduction du disque Le Dormeur des Marquises, en 1996, nombre de nouvelles pièces ont été mijotées: "J’aimerais beaucoup faire un deuxième album, mais cette fois, je ne pourrai assumer les coûts de production. C’est pourquoi il me faut convaincre une compagnie de disques, que ce soit ici ou à l’étranger."
Après son adieu personnel aux Oiseaux, Pierrot Fournier s’engagera dans une série de concerts estivaux qui le mènera au Moulin Marcoux, dans Portneuf, puis tout près de chez lui, au Café de la Gare à Sainte-Adèle. Témoin et passeur, il nous invite pour le moment à jeter une oreille neuve sur trois monuments qui détestent la poussière.
Les 30 avril et 1er mai à 20 h
Aux Oiseaux de passage
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