Peaches : La face cachée de la pêche
Plusieurs étaient tombés sous le charme explicite et les avances de Peaches à l’automne 2002, lors d’une tournée orchestrée par le D.J. et promoteur Larry Tee placée sous le signe de l’électroclash, et qui mettait en scène les Chicks on Speed, Tracy and the Plastiks et autres W.I.T. (Whatever It Takes). Mais c’est la Pêche, crue et salace, gonflée à bloc, la croupe étranglée dans ses désormais célèbres hot pants lustrés, sautant d’un haut-parleur à l’autre en hurlant "Fuck the pain away", cet irrésistible hymne à la liberté sexuelle, qui avait "volé le show". Retour sur la bête.
Peaches mise à nue
"Peaches, c’est un aspect de ma personnalité amplifié, la partie spontanée et animale en moi, raconte la sympathique rock star jointe à Orlando. Mon personnage est une réaction à l’attitude de certaines femmes dans la culture pop, à Britney Spears, par exemple. Je les regardais aller et je me disais: "Qu’est-ce que c’est que ça, elles se prétendent innocentes mais leurs vidéos et leurs comportements disent le contraire." Ces filles montrent du sexe mais ne veulent pas en parler. C’est en partie en réaction à cette hypocrisie généralisée que Peaches est née."
Une chose est sûre, personne ne pourra adresser ce reproche à Merrill Nisker de son vrai nom, que ce soit à travers sa musique efficace et minimaliste composée à partir d’un Roland MC505 ou via ses chansons sans détour, visant les tripes et le bas-ventre: "There is only one peach with the hole in the middle", râle-t-elle sur Diddle my Skittle (Teaches of Peaches, 2002). "Les gens peuvent avoir envie de baiser en me regardant ou en écoutant ma musique, mais pas nécessairement avec moi. Je me perçois comme un canal à travers lequel ils projettent leurs instincts."
Mise en nomination l’an passé pour une panoplie de prix tels que "performance la plus érotique de l’année" à Londres, "artiste visuelle de l’année" à Toronto, "meilleur spectacle punk-rock" à Buenos Aires, à l’étude dans les départements de Queer Studies de certaines universités, Peaches ne perd pas de vue l’essentiel: "D’abord et avant tout, je suis musicienne. Ça ne rimerait à rien pour moi de remporter tous ces honneurs pour mes performances ou mon image de femme forte si ma musique n’était pas d’abord reconnue."
Les enseignements de la Pêche
La délurée Torontoise qui vit maintenant à Berlin et compte parmi ses disciples Michael Stipe, Marilyn Manson et Boy George enseigne également la musique et le théâtre aux… enfants. "Je le fais parce que je n’ai pas aimé la façon dont on me l’a enseigné. Comme prof, je préfère mettre l’accent sur le processus créatif. Quand on initie les gens à la musique de façon linéaire, comme si c’était des mathématiques, on les détourne de leur créativité et ils finissent par en avoir peur. Je pense que tout le monde devrait avoir accès à cette partie d’eux-mêmes et avoir la chance de s’y connecter."
Aussi, comment réagit Peaches, qui compte parmi ses modèles la vedette porno féministe et "performeuse" militante Annie Sprinkle, à l’idée d’en être devenue une, malgré elle, pour certains d’entre nous? "Si je peux en être une en étant simplement qui je suis, ça va, car je pense que c’est la seule façon valable d’être un modèle."
Avant de terminer, nous lui avons demandé de nous révéler quelque chose sur elle que nous ignorions: "Vous savez tout sur Peaches… sauf peut-être que c’est un homme!"
À voir, en spectacle, en compagnie de ses deux danseuses australiennes et lesbiennes barbues.
Le 4 mai
Au Club Soda
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Ce que pense Peaches de…
La pornographie
J’aimerais en voir de la meilleure. En fait, j’en visionne très peu, étonnamment, et je crois que je préférerais en faire, en fin de compte.
L’électroclash
L’électroclash n’est-il pas en train d’agoniser? En tout cas, moi, je suis bien vivante!
Le féminisme
Ne pourrait-on pas parler d’humanisme? J’en ai ras le bol d’entendre parler des femmes dans le milieu du rock. On est des artistes au même titre que les gars.
La bisexualité
Je préfère parler d’"omnisexualité", une sexualité libérée des étiquettes et qui les englobe toutes.
Iggy Pop (avec qui elle chante en duo sur son dernier album)
He is fucking amazing!