Simon Wilcox : Tendre la main
Musique

Simon Wilcox : Tendre la main

La chanteuse canadienne Simon Wilcox est née d’une productrice de disques et de l’auteur-compositeur David Wilcox. À première vue, on imagine donc facilement l’enfance de Simon se déroulant dans un monde cotonneux et dominé par l’univers de la musique. On s’étonne alors plus de son prénom de garçon que de son orientation de carrière. Toutefois, en grattant un peu plus, on apprend que ses parents, qui décidèrent pendant la grossesse de baptiser leur enfant Simon sans même en connaître le sexe, allaient finalement l’abandonner à l’âge de trois ans. Les perspectives changent drôlement.

Malgré les disques d’or qu’amassait son père au début des années 80, c’est justement une admiratrice de David qui éleva Simon dans une pauvreté sordide. Ajoutez-y tous les obstacles que peut vivre une jeune fille répondant au prénom de Simon, et vous avouerez que de la retrouver aujourd’hui à la tête de sa propre compagnie de disques (SHErecords) représente un exploit digne de Cendrillon.

"Mes parents me donnaient parfois signe de vie, mais je me sentais seule au monde", raconte Simon Wilcox d’une voix douce. Malgré la lourdeur du sujet, elle a appris à l’aborder calmement, se permettant même certaines pointes d’humour dans un français rendu charmant par ses légères hésitations. "Je marchais sur des coquilles d’œufs, de peur d’être rejetée encore une fois. Crois-moi, je mangeais toujours mon brocoli!"

Et si ce n’était que ça. Hautement biographiques, les textes de son deuxième album Smart Function (en magasin le 4 mai) cachent derrière une poésie empreinte de détermination ces événements qui ont endurci son caractère. "I could con a pig for his pearl" (Je peux manipuler un cochon pour obtenir sa perle), chante-t-elle sur Mommies & Daddies. Cette pièce, elle l’a dédiée à son amie retrouvée morte dans une chambre d’hôtel. C’est pour vous dire. "En anglais, nous avons une expression (pearls before swine) qui signifie: quelque chose de tellement beau que la personne devant ne peut pas l’apprécier. J’ai passé mon adolescence dans un milieu très pauvre où plusieurs filles vendaient leur corps, croyant que c’était le seul moyen de s’en sortir. Elles étaient si jolies et leur sexualité était si puissante que les cochons qui les entouraient ne reconnaissaient pas la beauté de ces femmes. Ils les méprisaient. Je voulais donc les manipuler et voler la beauté de cet endroit."

Si les parents de celle qui a récemment collaboré avec Jorane et Randy Bachman sont en quelque sorte responsables de son séjour aux enfers, ils sont aussi à l’origine de sa résurgence. "À travers nos contacts et de par leurs expériences, ils m’ont appris comment m’exprimer par les arts. Le mot peut sembler prétentieux, mais aujourd’hui, j’écris, je compose, je fais de la photo et je peins. C’est le message que je veux transmettre aux gens malheureux. M’extérioriser par les arts fut ma porte de sortie."

Le 30 avril
Au Green Room (5386, boulevard Saint-Laurent)

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