Ellen Allien : En orbite
Née à Berlin et ayant passé son enfance dans la partie ouest de la cité allemande, la virtuose techno Ellen Allien (née Ellen Fraatz) se souvient très bien de l’ambiance qui régnait lors de l’effondrement du mur en novembre 1989. "Avant que les Berlinois soient réunis à nouveau, nous avions tous l’impression d’habiter dans un petit village entouré d’un stupide mur… Mais lorsque la ville a été réunifiée, tout nous est apparu plus grand et c’est à ce moment que la scène musicale de Berlin s’est mise à exploser pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui." Bien des choses ont évolué en Europe depuis. Une quinzaine de rotations autour du soleil plus tard, la trentenaire Ellen Allien est maintenant à la tête de Bpitch Control, l’un des labels techno underground influents du monde libre. Et cela en parcourant la planète tout au long de l’année et en pressant régulièrement ses compos, ainsi que des remix à valeur ajoutée. En deux mots, Ellen Allien, quel genre de techno faites-vous? "Je nomme ma musique Hypnotic Elec Tech…"
De passage à Montréal, la gentille "Berlinette" – ce qui est aussi le titre de l’un de ses albums – apprécie noblement ses nouveaux engagements nord-américains. Jointe par le biais d’Internet avant son départ qui la mènera ensuite à New York, Los Angeles, Chicago, San Francisco, Mexico et ailleurs encore, Ellen Allien reconnaît avoir longuement médité sur sa démarche artistique, de même que sur celle de l’ensemble de la fraternité des disc-jockeys qui tournent à la surface du globe. "Je concède qu’il y a beaucoup de répétitions dans les pressages techno, mais nous avons tous besoin de nouvelles musiques chaque semaine… Le fait demeure que chaque DJ doit se nourrir pour ne pas mourir, alors vaut mieux qu’il y en ait pour tous. Ainsi, si un truc ne me plaît pas, je sais qu’il y en a plein d’autres ailleurs pour moi!"
Totalement absente du top 100 de DJ Mag, la référence européenne ultime qui fait souvent la différence au moment de négocier un cachet, la principale intéressée prend la chose à la légère. Comme si toute comparaison avec des types comme son compatriote Paul van Dyk était insensée en raison de la nature même des différences musicales qui la séparent des platinistes qui composent cette liste: "C’est peut-être parce que je n’ai jamais pris un drink avec ces gens!" ironisera-t-elle.
D.Jette tournant ses propres compos, sur lesquelles il lui arrive même de chanter; femme d’affaires qui dicte avec minutie ses conditions de travail, préférant de loin déléguer certaines tâches que de s’en remettre à la procrastination; la terrigène s’accomplit exactement comme elle l’avait souhaité dès l’enfance. "La musique a toujours été ma destination finale. Et quand elle est devenue une affaire sérieuse dans ma vie, la musique a fait de moi une personne finalement heureuse." Et la possibilité que la machine s’emballe? Que Madonna ou Britney te récupèrent à coups de remix bien rétribués? "Remixer est une activité que j’adore depuis toujours et je n’ai jamais fait de fixation sur les gros noms… Mais si jamais l’une d’elles a besoin de moi, pourquoi pas? En vérité, j’ai plein d’idées, alors on verra!" Ufologues, à vos télescopes.
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