Lance Baptiste : Travailleur de nuit
Musique

Lance Baptiste : Travailleur de nuit

À l’heure de la fausse gratuité musicale, où même les Bowie offrent une voiture en échange d’un bon remix fait par n’importe-qui-a-un-ordinateur-dans-sa-cave, le temps des DJ semble révolu. Pourtant, rien ne les déloge. Être DJ serait-il plus que changer des "records" sur un beat de "boum-tsi"? Devenir DJ résident devient-il un nouveau profil de  carrière?

Dans la capitale, de nombreux DJ en résidence font leur nid dans les bars et tapissent les poteaux de la ville de leurs affiches publicitaires. Au Club 292, les vendredis funky/disco de DJ Moebius ou les dimanches hip-hop et r’n’b de DJ Kiwi marient sueurs et déhanchements affriolants. Dans cette optique, le travail de DJ se rapproche de celui d’un directeur du défoulement corporel. Au-delà de ce stéréotype, plusieurs de ces disc-jockeys font de leurs nuits musicales un art établi. Pour Lance Baptiste, DJ au Mercury Lounge, l’ascension s’est produite simplement: "Devenir DJ résident fut, pour moi, une progression naturelle. Je crois qu’il y a deux catégories de DJ, soit ceux qui cherchent à devenir des superstars et ceux qui veulent seulement réussir à en vivre. Personnellement, j’aimais mieux pouvoir m’établir qu’atteindre la popularité. Je considère que c’est un style de vie plus réaliste. Ainsi, je peux concentrer plus facilement mon énergie sur mon travail. Pour ce faire, il faut soit produire comme le fait le bien connu Rise Ashen, soit devenir résident; j’ai choisi la seconde option."

Dans la foulée de la popularité des bars comme le Lounge 426 qui, chaque dimanche, invite un DJ de renommée nationale – qu’on pense aux Pink Feria, DJ Laflèche, Daniel Desnoyers et autres -, une frénésie s’est créée autour des artistes locaux de la table tournante. "À Ottawa, c’est toute une communauté de DJ qui s’est peu à peu formée. Je m’y frotte, mais je n’y suis pas aussi impliqué que certains, peut-être à cause de goûts non compatibles. Trop de DJ se cantonnent à un style. Je ne suis pas de cette école. Contrairement à d’autres DJ qui commencent dans le tapis avec un style simple comme le trance dès que les portes ouvrent, Trevor Walker et moi, au Mercury Lounge, on essaie de créer une ambiance ascendante lors de nos soirées. On débute doucement en "connectant" avec le public et on progresse tranquillement en utilisant tous les styles musicaux possibles, précise Baptiste. Le fait de trouver le rythme qui étonnera les gens et les fera se trémousser pour ainsi créer une vibe tout au long de la soirée, c’est un art en soi. C’est grâce à ça qu’on obtient une reconnaissance à Ottawa."

Et la région se démarque par bien plus. Des dimanches sportifs PunXercise du Zaphod où les Jezebels convient la foule à de l’aérobie renouvelée aux soirées multimédias DJ-danse-arts visuels-etc. des bistros et des bars lounge comme le Troquet et le Helsinki, l’énergie des microsillons, que l’on croyait disparue, hante la ville à la tombée de la nuit. Place au night-life, car comme le disait Leloup: "Hier soir, DJ a sauvé mon âme avec cette chanson."

Club 292, 292, rue Elgin, Ottawa www.club292.com
Mercury Lounge, 56, rue Byward, Ottawa www.mercurylounge.net
Lounge 426, 426 rue St-Jospeh, Gatineau (Hull) www.lounge426.com
Zaphod Beeblebrox, 27, rue York, Ottawa www.zaphodbeeblebrox.com
Le Troquet, 41, rue Laval, Gatineau (Hull) www.letroquet.com
Helsinki, 15, rue George, Ottawa www.helsinki.ca