Vincent Vallières : Guidé par l’instinct
Pour son troisième essai, suite de l’étonnant Bordel ambiant, VINCENT VALLIÈRES a choisi le chemin le moins fréquenté: celui d’une musique qui respire le bonheur. Un pari risqué que le rockeur de 25 ans remporte cependant haut la main. Question d’instinct.
Figure connue dans la région sherbrookoise, Vincent Vallières se laisse tranquillement apprivoiser par le reste du Québec. Son dernier opus, Chacun dans son espace, a reçu des commentaires élogieux et quasi unanimes de la critique.
Très fier de ce dernier album, Vincent Vallières avoue cependant en avoir bavé. "J’ai été incertain jusqu’à la fin. J’ai douté de tout, mais ça fait partie de mon processus de création. Je me questionne toujours pour savoir si j’ai amené chaque toune le plus loin possible", explique-t-il. Et même s’il met beaucoup d’efforts dans sa musique et ses textes, le musicien est un partisan des "prises uniques". Le collage en studio, le rapiéçage à l’ordinateur, très peu pour lui. "Je n’aime pas l’idée de perfection. J’essaie d’y aller avec l’instinct, de garder le premier jet. Comme à la vieille école, celle de Bob Dylan et de Neil Young", ajoute-t-il.
Vincent est de fait un grand amateur de la musique des années 60 et 70; l’influence des Beatles s’entend d’ailleurs sur Juliette, la troisième chanson du disque. "Dans ma musique, je cherche à garder la vibe de ces années-là, tout en faisant quelque chose d’actuel et de branché sur le présent."
Chansons joyeuses
Le présent semble pour l’instant sourire à Vallières, qui a tenu le pari d’écrire des chansons joyeuses pour ce troisième album, lequel tranche net avec le style plus sombre, plus trash et plus garage du précédent, Bordel ambiant. "Dans la vie, j’aime avoir du fun, j’apprécie beaucoup les petits instants de bonheur. J’avais envie de traduire ça dans mes chansons."
À travers les titres joyeux se glissent toutefois quelques chansons plus noires comme Le meilleur est pas mort, dont le son rappelle celui de Bordel ambiant. Parce que, comme le dit Vallières en sirotant sa tisane, "la vie, c’est pas tout noir ou tout blanc. Il y a des zones grises. Notre bataille, c’est de trouver notre bonheur. Les chanteurs que j’aime, que je respecte, ce sont ceux qui ont vécu on the edge. Comme Bob Dylan. J’aime beaucoup sa démarche. Il a eu un parcours un peu tout croche, un peu bohémien."
Le parcours de Vincent étonne aussi. Malgré sa certitude de vouloir faire carrière en musique, il a complété un baccalauréat en enseignement à l’Université de Sherbrooke. "J’ai aimé ça faire ça à ce moment-là. Pendant que j’étais là, je ne doutais pas de ce que j’allais devenir chanteur", explique-t-il.
Et malgré les embûches et les disques qui ne se vendent pas par milliers, l’auteur-compositeur-interprète parvient à tirer son épingle du jeu et à vivre de son métier. À une époque où le succès instantané semble presque devenu un gage de qualité, le jeune musicien s’estime chanceux d’être appuyé par un gérant et une compagnie qui croient en lui et qui lui permettent de se développer.
"Je suis content d’avoir la chance de dire ce que je veux comme je veux sur mes disques", lance le nouveau Montréalais. "Et je suis maintenant plus conscient de ce dont j’ai envie. Je sais que j’ai envie d’axer sur le fond plutôt que sur la forme. On vit dans une époque où tout ce qui semble nous préoccuper ce sont les chiffres de vente et les cotes d’écoute. J’ai envie qu’on me parle de fond, pas juste d’enrobage. Je pense que c’est important qu’il y ait des albums qui ne se vendent pas à des milliers d’exemplaires, que les gens sachent que la culture québécoise n’est pas mince et qu’ils peuvent faire un choix."
Bien-être
Avec sa musique, Vincent Vallières souhaite avant tout faire passer un bon moment aux gens. "La mission première d’une chanson, c’est de faire du bien. Quand tu écoutes de la musique, tu pars pour un mini-voyage. Au-delà du message, c’est quelque chose qui me préoccupe de plus en plus quand je compose une chanson."
Mission accomplie, a-t-on envie de lui dire en écoutant Chacun dans son espace. Difficile de ne pas se laisser emporter par l’esprit léger et planant de l’album. "Je l’aime, ce disque-là! , lancera d’ailleurs Vincent au cours de l’entrevue. Je suis content de ce que je ressens quand je l’écoute."
Le 25 mai à 21 h Au Gambrinus
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En spectacle
Satisfait du déroulement des derniers mois, Vincent Vallières admet connaître sa plus belle année de musique. De fait, plus de 25 spectacles sont inscrits à son agenda pour les prochains mois, sans parler de sa participation en solo à divers événements, dont l’important spectacle soulignant les 30 ans de Beau Dommage organisé par Radio-Canada le 26 mai. Lors de son passage à Trois-Rivières, le jeune artiste sera accompagné du guitariste Éric Goulet, auteur de la pièce-titre de Chacun dans son espace, du bassiste Michel-Olivier Gasse et du batteur Marc-André Laroche. Il y présentera un spectacle dépourvu d’artifices et tissé à partir de pièces de Bordel ambiant et de son tout dernier opus. Une soirée qui témoignera de son intérêt pour l’instantané et l’acoustique.