The Offspring Rencontre : Rock fort
Autrefois sans le sou, à errer dans les bars d’Orange County ou à surfer sur les vagues de Long Beach, les membres de THE OFFSPRING pourraient désormais confier leur fortune à un camion de la Brink’s. Pleins aux as et l’âme punk nécessairement vendue au diable, à tout le moins pour les puristes qui considèrent que la qualité d’un groupe et les ventes de disques sont souvent inversement proportionnelles…
Si Splinter, leur dernier compact, n’est effectivement pas un très grand cru, deux choses n’ont pas changé: depuis dix ans, peu importe leur popularité, Dexter Holland et Noodle vont invariablement à votre rencontre, via les journalistes, avec une amabilité toujours renouvelée. C’est rare. Et puis, plus important encore, leurs spectacles, bien que parfois approximatifs, sont toujours divertissants et généreux. Ça tombe bien, ils arrivent dans quelques jours…
Pas facile de suivre The Offspring. Capable de rafales punk incendiaires, le trio est également coupable d’hymnes de mauvais goût, d’arrangements clownesques et de petites perles ultra-commerciales. Pour rester gentil, on parlera d’une production inégale: "Le truc, c’est qu’on n’aime plus seulement les pures chansons punk, explique le guitariste Noodle de son hôtel à Kansas City. Nous avons des goûts variés qui trouvent écho dans l’album. Et puis, à force de frayer avec la scène punk ou de jouer avec des bands du même genre, on en vient à vouloir décrocher. Chez moi, je décompresse souvent en écoutant de la musique classique ou du Simon and Garfunkel, par exemple."
The Offspring se fait également un honneur d’inclure une ou deux chansons kitsch par album, encore plus depuis que Pretty Fly (For a White Guy) les a rendus célèbres de Yellowknife à Osaka. Cette fois, la bienheureuse a pour titre Hit That, premier single de Splinter, généreusement gorgée de lignes de synthé ultra-kétaines que n’aurait pas reniées DEVO: "C’est quelque chose, hein! confirme le guitariste. Je dirais que c’est à la fois ultra-kétaine (cheesy) mais aussi très effronté. C’est notre manière de dire qu’on ne se prend pas trop au sérieux. Plusieurs musiciens deviennent populaires trop rapidement et se mettent vraiment à croire qu’ils sont la huitième merveille du monde… Un instant. On parle de divertissement, pas d’un médecin qui fait des chirurgies au cerveau, ou d’un politicien dont les décisions pourraient avoir des incidences planétaires… Bien sûr que le succès nous a changés, mais je pense qu’ultimement, nous avons su garder les pieds sur terre."
De sacrés farceurs, donc, mais capables d’un maximum de sérieux. Noodle est notamment engagé dans le mouvement Punk Voters avec Fat Mike de NOFX, mouvement qui vise à déloger W. Bush de la présidence en novembre prochain: "Je n’aime pas trop causer de ça puisque je ne veux pas parler de politique au nom du band. De plus, nous ne sommes pas vraiment un groupe au contenu politique. Trop de formations le font et peu avec intelligence. Les Dead Kennedys à l’époque, puis Rage Against the Machine ont été de bons groupes engagés. En mon nom, je peux te dire que je ferai tout pour sortir Bush. Il a causé aux Américains et au reste du monde beaucoup plus de problèmes qu’il n’en a résolus."
Depuis quelques années, la popularité de la formation californienne n’a cessé de péricliter, entraînant son lot de rumeurs sur sa fin probable. Des échos d’ailleurs, amplifiés par la mise à la porte du batteur Ron Welty: "Où serons-nous dans cinq ou dix ans? Difficile à dire, contourne Noodle. Sans doute gros, chauves et alcooliques… Probablement divorcés, et de retour chez nos mères…" Aussi bien les voir pendant qu’il est encore temps…
Le 25 mai
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