Nicolau de Figueiredo : De la sincérité
Musique

Nicolau de Figueiredo : De la sincérité

L’ensemble Arion termine sa 23e saison avec un concert entièrement consacré à la musique de Georg Frideric Handel et il invite pour l’occasion le claveciniste et chef brésilien NICOLAU DE FIGUEIREDO.

C’est chez lui à Paris, alors qu’il se prépare à son deuxième passage à Montréal, que je rejoins Nicolau de Figueiredo, organiste et claveciniste spécialiste du répertoire baroque. Il est aussi un collaborateur régulier de René Jacobs dans de nombreuses productions d’opéra en tant que chef de chant. La première invitation de l’ensemble Arion, la saison dernière, aurait bien pu ne pas se concrétiser: "On m’avait demandé de remplacer Emmanuelle Haïm au pied levé, littéralement; on m’a contacté le dimanche et je devais partir le lundi! Je ne connaissais pas l’ensemble et ça a été une très heureuse surprise."

Cette fois-ci cependant, le concert est bel et bien prévu depuis longtemps et le chef a pu participer de près au choix du programme. "On avait fait du Handel lors de notre première rencontre, explique Nicolau de Figueiredo, et ça c’était tellement bien passé que l’on s’est dit qu’on allait continuer dans cette voie. Personnellement, vous le savez, je suis très près de l’opéra et de ceux de Handel en particulier. Il reprenait souvent des thèmes utilisés dans ses opéras pour les faire revivre dans des œuvres instrumentales et c’est un peu une piste de départ pour ce programme. Nous aurons d’abord l’ouverture de l’opéra Agrippina (pour deux hautbois, orchestre à cordes et basse continue), qui sera suivie de la cantate HWV 150 (pour soprano – Shannon Mercer -, deux hautbois, violon solo, violoncelle solo, orchestre à cordes et basse continue). On retrouve dans la cantate un air emprunté à l’opéra. Dans le concerto grosso nº 8, de l’Opus 6 (l’un des trois que nous ferons), qui date de 1739, il reprend une allemande de clavecin composée vers 1720, simplement transposée à l’orchestre. Il y a aussi un air de Jules César, etc." Il faut rappeler qu’il était relativement courant à cette époque pour un compositeur de revisiter son œuvre, ou même celles de ses confrères. "C’est surtout vrai chez Handel, précise le chef, parce que l’on cherchait évidemment à ne pas trop se répéter, ce qui, visiblement, ne gênait pas Handel. Et c’est parfaitement compréhensible après tout, puisque ces œuvres-là n’étaient pas enregistrées, alors on n’avait quand même pas trop souvent l’occasion de les entendre."

Nicolau de Figueiredo voue un véritable amour au répertoire baroque: "Je trouve cette musique tellement sincère, explique-t-il, et depuis les premières fois où j’en ai entendue. J’avais entendu des sonates de Scarlatti interprétées par Wanda Landowska et je ne pouvais pas croire que c’était de la "musique classique"! Ça me semblait tellement "actuel"! Je trouve que les compositeurs du début du 18e siècle ont atteint une telle sincérité musicale, une telle franchise, que c’est parfois déconcertant. Ils rendent la musique "vraisemblable", avec un très grand souci de représenter la vie." Le chef, qui dirigera depuis le clavecin, a visiblement hâte de revoir ses amis de l’ensemble Arion. Une rencontre à ne pas manquer. Informations: (514) 355-1825 ou www.early-music.com.

Un Génie nommé Handel
Les 28 et 29 maià 20 h et le 30 mai à 14 h
Salle Redpath de l’Université McGill