Härd Bolero : Pas à pas
Avec sa signature tirée tout droit d’un rêve et une musique s’apparentant à l’univers sonore du Cirque du Soleil, Härd Bolero fabule et voyage dans un imaginaire contagieux. À la fois énergisant et revitalisant, c’est avec un premier album, Traces, que le quatuor emprunte "tantôt la voie rapide, tantôt la Voie lactée".
Sorti tout droit de l’Outaouais, sans maison de disques ni producteur, le groupe Härd Bolero pourrait sembler piétiner. Or, à bien piétiner, on finit par laisser sa trace. C’est d’ailleurs avec ce titre que le groupe accouche d’un premier bébé, preuve qu’une vision onirique, à la croisée des chemins, peut rencontrer la réalité. Usant de dichotomies, Härd Bolero – composé de Louise Poirier, Denis Clément, Michel Taillefer et Daniel Berriault – débute avec le thème de la vie, exprimant que tout ce qui respire expire et que tout ce qui vit meurt. Peu importe la manière dont ce mécanisme s’organise, chacune de ses actions influence le monde qui l’entoure. Cette constatation se reflète dans leur musique par l’ambiance régénératrice créée à partir de chaque son, de l’osmose des musiciens provenant tous d’une éducation musicale singulière. La musique du groupe est décrite comme world beat, où figure un collage de jazz, de progressif et d’électronique; Louise Poirier, guitariste et "vocaliste", complète la description simplement: "Nous voulions faire un tour de piste de qui nous sommes, mais nous sommes tous si différents."
Pour un premier CD, le quatuor voulait réussir non seulement un tour de piste, mais un tour de force avec un imposant produit de qualité. "Nous avons démarré notre propre machine pour réussir à sortir tout notre désir artistique. La réalité de l’industrie n’existe pas pour nous. Malheureusement, et dans tous les cas, la machine est plus lente que le processus de création, alors dans notre tête, nous sommes déjà rendus au troisième album", remarque le seul membre féminin du groupe. Malgré la popularité du style semi-instrumental – pensons à Jorane, au Cirque du Soleil, aux bandes originales de films et autres -, la marche rencontre de multiples obstacles. "Avantageusement, les possibilités s’élargissent, surtout avec les artistes puisqu’il y a présentement une tendance aux mélanges. Nous sommes dans une période d’éclatement où tout s’amalgame pour former des nouveaux styles, ce qui nous est profitable. Nous voulions de plus faire un produit exportable pour ainsi pouvoir le faire voyager. D’ailleurs, les pièces sont parsemées de quelques textes aux sonorités distinctes, soit en français, en algonquin ou même en roumain." Des textes qui souvent se transforment en agréables mélodies instrumentales de par leurs langues étrangères. "En fait, pour nous comme pour l’auditeur, sur disque comme en spectacle, tout vient de l’intuition et de ce qu’on en dégage. Le sens de nos pièces est viscéral. Nous ne pouvons pas rendre le monde responsable d’un succès ou d’un non-succès puisque c’est une interprétation. C’est le propre de l’instrumental. Et c’est universel." D’un conte enchanteur, comme un Petit Poucet des temps modernes, Härd Bolero espère donc semer bien loin pour toujours nous revenir ensuite.
Traces
Härd Bolero
(Indépendant)