Claude McKenzie : Après la pluie, le beau temps
Musique

Claude McKenzie : Après la pluie, le beau temps

Il y a quelques années, CLAUDE MCKENZIE a accroché sa guitare pour ne la reprendre que sept ans plus tard, alors que la tempête était finalement passée… Le Grand Manitou (Tshije Manitoo) part enfin vers des jours  meilleurs.

Claude McKenzie

aura trimé dur ces dernières années. En 1993, son fils décédait dans ses bras à l’âge de deux ans d’une maladie dégénérative des os. Quelques mois plus tard, un accident de voiture lui coûtait une fracture ouverte au tibia et une condamnation à 9 mois de prison pour avoir infligé des blessures corporelles à une fillette de 11 ans. Le problème en cause: l’alcool. On se souviendra que l’ex-Kashtin n’en était pas à ses premiers déboires à cause de son penchant pour la bouteille. Mais cette fois, il est bien décidé à en finir pour de bon.

Au moment du lancement de son nouvel album en mai dernier, Claude McKenzie était absent: il avait encore une fois pris le chemin d’un centre de désintoxication. "J’ai parlé à mon producteur un soir et je lui ai dit que je ne me sentais pas encore prêt, que je préférais retourner en cure. Les gens ont très bien compris, je crois. J’y retourne d’ailleurs au début août, en plein mois des festivités, mais ce n’est pas grave, je sais que ce sera avantageux pour moi", souligne-t-il le sourire aux lèvres, en expliquant que son repos se fera sur un site de camping et qu’il compte bien apporter sa tente indienne.

Avec Pishimuss ("petite lune"), le Montagnais lance son cinquième album en carrière, en comptant les trois albums faits avec son comparse de Kashtin, Florent Vollant; une aventure en duo qui leur avait valu près de 500 000 albums vendus et des spectacles partout dans le monde. Sept ans ont passé depuis Innu Town, son premier album solo: "J’étais épuisé, j’ai choisi de faire autre chose, j’ai été vendeur, j’ai travaillé dans la construction, bref, j’ai fait les 36 métiers, mais on me donnait toujours mon 4 % pour me confirmer que je n’étais pas fait pour ça et que je devrais retourner à ma guitare."

Sur son nouvel opus, McKenzie a éliminé les guitares acoustiques pour donner un son plus rock à ses mélodies, toujours aussi traditionnelles et chantées en innu: "Je trouve tout à fait normal de chanter dans ma langue d’origine, je ne veux surtout pas faire de politique en choisissant de chanter en français ou en anglais. Je ne veux pas mélanger la politique à la musique puisque l’une divise les gens, tandis que l’autre les réunit."

La chanson Nutaui est dédiée à son père, son plus grand confident, sobre depuis une trentaine d’années. "Chaque matin, mon père m’appelle à 6 h du matin pour me souhaiter un bon 24 h", affirme un Claude sensible qui agite son poignet afin de montrer les médaillons qu’il garde tels de précieux trésors: un à l’effigie des AA et d’autres, des bijoux de bois, construits de ses mains et qui font référence à Jésus. "Des fois, c’est long, 24 heures, alors j’y vais à pas de bébé, tel un slow moving train. J’ai le temps de voir les arbres sur mon passage, je ne suis pas un TGV comme avant, alors que je m’en allais vite, pressé. Ce que je désirais, je ne le voulais pas aujourd’hui ou demain, je le voulais hier. Maintenant, je me suis assagi. Je suis serein et bien dans ma peau désormais", conclut-il. Des paroles où l’on reconnaît le verbe de l’homme en réhabilitaion, qui vit au jour le jour pour combattre sa dépendance.

Pishimuss
Claude McKenzie
(L-Abe)