Vander : Musique de la conscience
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Vander : Musique de la conscience

Lassé du mercantilisme qui accompagne souvent la chanson française au Québec, VANDER, ancien bassiste des Colocs, renoue depuis quelque temps avec son premier amour: le dub. L’auteur-compositeur d’origine belge a mis de côté sa plume afin de se consacrer à la création d’atmosphères. Échantillonnage de l’entretien.

Il y a presque 10 ans, André Vanderbiest, mieux connu sous le diminutif Vander, quitte sa Belgique natale afin de se joindre aux Colocs. Le musicien s’embarque pour la tournée Atrocetomique, puis il participe à la composition de Dehors novembre, qui paraît en 1998. Au lendemain de la mort tragique d’André "Dédé" Fortin, leader de la formation qui du coup s’éteint, le bassiste se tourne vers une approche musicale un peu plus personnelle et se lance dans la réalisation d’albums collectifs enrobés de rythmes reggae-dub. Un retour aux sources.

Vander… et du beau monde (2002), ReDub – Chroniques (2003) et Mossman Meets Vander, Montréal Dub Sound System (2004) se présentent comme les premiers-nés de cette pseudo-renaissance. Des disques enregistrés sous sa propre étiquette, réunissant une flopée d’artistes. Peu enclin à démarrer des projets solos, le Belge insiste plutôt sur des alliances. "Je fais du développement d’artistes. C’est nécessaire dans la situation actuelle… Je veux amener les gens à parler ensemble et favoriser l’esprit du collectif."

Étonnamment, l’intérêt de Vander pour le dub ne date pas d’hier. C’est à l’adolescence, vers l’âge de 13 ans, que le bassiste se laisse envoûter par ce style musical. Entouré d’amis africains, il découvre alors les beautés des sonorités souches de la techno. Des rythmes des années 70 basés sur la conscientisation et sur la revendication. "Quand il y a des paroles dans une pièce, elles sont impliquées socialement. Quand ça jamme, c’est beaucoup plus de la musique d’ambiance, soutient Vander. En fait, c’est du cinéma pour aveugles. Le dub est une musique qui suggère beaucoup plus qu’elle n’impose. Il y a un tempo plus relaxant, qui suit les battements du cœur au repos. Cela laisse de la place à l’imagination."

Ce changement de cap, de la pop francophone au dub, résulte aussi du fait que l’ancien Coloc commence à être désillusionné de la chanson au Québec. L’homme se rend compte, impuissant, que tout réfère à l’argent. Conscient que sa voix ne plaît pas toujours, il a dû accepter qu’il ne pouvait vivre de la chanson. "Je ne veux pas me battre contre des portes qui ne veulent pas s’ouvrir!" Pour les prochaines années, Vander explorera donc les limites du dub. Cela l’amènera peut-être à exporter son matériel de l’autre côté de l’Atlantique!

Le 19 juin à 21 h
À la Pierre angulaire
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