Jon Hassell : Les apôtres rejoignent le maître
L’histoire des musiques européenne et américaine au 20e siècle se caractérise entre autres par la rencontre de l’Occident et de l’Orient.
Le trompettiste américain Jon Hassel appartient à la génération de musiciens classiques d’avant-garde associés à ce que nous avons appelé, dans les années 70, la musique répétitive. "L’influence zen bouddhiste existait déjà chez John Cage, LaMonte Young, Terry Riley. Les sources de ce que nous avons appelé la musique minimaliste se situaient en Orient. J’ai rencontré Riley. J’ai joué avec Young. C’est à partir de la rencontre de Pranah, le chanteur de raga classique, que s’est amorcé le processus d’une réelle démarcation de ma part, le processus d’une transformation personnelle. Je joue d’un instrument qu’il est possible d’adapter à un style vocal."
Dans les années 80 jusqu’à aujourd’hui, des éléments de la musique classique d’avant-garde ont intéressé des musiciens de rock (Brian Eno, David Byrne et Talking Heads, Peter Gabriel, Daniel Lanois) ou de world beat (Nana Vasconcelos, Ibrahim Ferrer). Mais Hassel est parvenu à proposer un concept personnel et original, il a créé Fourth World, qui va plus loin que ce qu’on entend habituellement par l’expression "fusion": "Il s’agit de cette collision, à la fin du 20e siècle, entre la tradition (le savoir, l’accumulation des connaissances) et la technologie (les conditions qu’elle crée), qui va bien au-delà de la musique."
Comme interprète, en dehors des sentiers tracés par des trompettistes de jazz comme Miles Davis, Don Cherry ou Kenny Wheeler, Jon Hassel a proposé une nouvelle façon d’aborder la problématique écriture/improvisation qui a eu pour effet de stimuler une nouvelle génération de créateurs: Paolo Fresu, Erik Truffaz. C’est ainsi que ces deux derniers se joindront à Hassel pour offrir une soirée spécialement conçue pour le Festival. Le projet se nomme "T3+ / FORCE MAJEURE".
Il s’agit d’un remix construit sur des extraits de concerts donnés en 2002 à Montréal, Paris et Milan. DJ Stratum (Peter Freeman) à la programmation et à la basse et Rick Cox (échantillonnages, programmation, électronique, guitare) s’ajoutent aux trois trompettistes: "L’échantillonnage n’est qu’une technique au même titre que les autres. Quant au D.J., il permet, dans le contexte du Spectrum, d’offrir quelque chose de plus hot. Mais c’est toujours la musique qui demeure le propos essentiel, qui raconte une histoire. Même si je joue de longues lignes musicales, parfois en superpositions de deux ou trois couches, cela reste toujours très lyrique." Après Fascinoma (1999), Jon Hassel fera enfin paraître en 2005 Maarifa Street: "C’est une œuvre amorcée aux premiers jours de la guerre en Irak. Je veux y suggérer que ce qui est le plus nécessaire, c’est le savoir, la connaissance, la sagesse. Je m’autorise à utiliser certains éléments d’une façon littéraire, comme des sous-titres à ma musique."
Le 4 juillet
Au Spectrum