Múm : Brume devant
Musique

Múm : Brume devant

Comme une douce brise nordique, ils étaient venus crever la canicule en juillet 2002. Dans la salle du Petit Campus, nous les avions vus s’échanger les instruments, avions absorbé la grâce frigorifiée de leur "presque pop" cristalline, nous étions laissé envoûter par leur présence posée et même un peu austère, par ce charisme rentré qui les caractérise. Nous étions alors sous le charme de Finally We Are No One, deuxième album du groupe, et la pièce Green Grass of Tunnel nous donnait la chair de poule. Deux ans plus tard, revoilà múm (prononcer "moum") avec Summer Make Good et un nouveau spectacle.

La première chose qui surprend quand Kristin Anna Valtysdottir s’empare du combiné, en direct d’un hôtel en Suisse, c’est son accent, qui ne laisse absolument aucun doute sur ses origines islandaises. Ce filet de voix, cette naïveté distante, les syllabes fracassées entre ses dents… Nous avons bel et bien affaire à la chanteuse et musicienne du quartette devenu trio. S’ennuie-t-elle de sa sœur jumelle, qui l’accompagnait auparavant en dédoublant sa voix? "Elle voulait faire autre chose, poursuivre ses études de violoncelle, et elle nous a quittés il y a deux ans déjà. Je me suis habituée à son départ, mais elle me manque beaucoup comme amie, puisqu’elle est restée en Islande et que nous sommes déménagés à Berlin. Il y a eu plusieurs changements dans le groupe, nous jouons avec de nouveaux musiciens, et il y a plus de chant sur notre nouvel album."

Il est vrai que cette voix s’impose de plus en plus. Si le timbre frêle dérange l’oreille à la première écoute en raison de son côté nymphe très prononcé, on s’habitue à cette présence étrangement familière. Il faut voir comment elle se déploie sur Weeping Rock, Rock, un des climax de l’album, sorte d’hymne venteux que l’on croirait tiré par un cheval de labour, une pièce grave qui pèse lourd, et que viennent alléger la voix éthérée de Kristin, quelques notes de banjo, et les chants ésotériques d’enfants ténébreux. "Summer Make Good est beaucoup plus sombre et embrumé que nos disques précédents", acquiesce-t-elle.

Enregistrées en Islande, dans un phare, la plupart des pièces émergent au bout d’une longue période de conception. "C’est un processus très chaotique, les chansons rebondissent entre nous, nous y apportons tous quelque chose jusqu’à ce qu’elles soient à point." Au début du morceau qui clôt l’album, une fenêtre grince sous l’effet du vent, la mer gronde semble-t-il, on devine le ciel chargé d’une électricité d’avant les tempêtes, vaudrait mieux ne pas aborder ces espaces-là en bateau, se dit-on… "Nous avons fait le choix de ne pas les enregistrements, de conserver tous ces sons qui témoignent de ce qui se passait autour de nous. Je ne sais pas exactement dans quelle mesure ces lieux affectent notre musique. Ils m’apaisent parce qu’ils sont magnifiques, l’océan s’étend tout autour de nous et c’est très venteux. It’s sweet, it’s sweet."

Le 24 juin
Au Cabaret Music-Hall

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