Richard Pinhas : Pionnier du rock électronique
Pour les amateurs de rock électronique des années 70, la formation française Heldon n’avait rien à envier aux Tangerine Dream, Brian Eno ou autres King Crimson; son fondateur, le compositeur, guitariste et fanatique de l’électronique Richard Pinhas, était déjà considéré comme l’un des pionniers du genre en France, à l’instar de Robert Fripp en Angleterre.
Quelque dix ans plus tard, Pinhas découvrait le Québec et en a fait depuis une destination privilégiée: "J’y viens une ou deux fois par année; j’aime beaucoup l’hiver (il a déjà vécu dans les Alpes suisses) et je viens visiter mon pote, Maurice Dantec, avec qui j’ai enregistré trois albums dans le cadre du projet Schizotrope. Dantec, c’est un ami même si, politiquement, on n’est pas d’accord!" Mais il a d’autres atomes crochus avec notre ville. "Tous les dix ans, tu as un coup de cœur; moi, je suis devenu un vrai fan quand je les ai vus à Paris puis à Lyon il y a trois ans: il s’agit des Godspeed. J’avais eu le même coup à 20 ans en découvrant King Crimson. Je ne sais pas si vous vous rendez compte à Montréal… En France, ils suscitent un très, très grand respect et moi je suis très touché par leur musique!"
"Je suis pour le piratage et contre la notion de droit d’auteur, affirme le musicien- philosophe qui a fait paraître plus de 30 disques à ce jour. Je pense que tout le monde doit avoir droit à la culture gratuite. L’album de Heldon qui est sorti en 2000-2001, on a mis l’intégralité des morceaux sur le Net en MP3, de la meilleure qualité possible pour faire un test: l’album a vendu davantage que ceux qui n’avaient pas été mis sur le Net. Comme quoi ça peut être aussi un argument de vente! On peut se reprendre en faisant plus de concerts; partout où l’on passe, on réussit à réunir 500, 600 personnes, donc on arrive à survivre, à payer tout le monde et à vivre de ça." Son plus récent projet, l’album Tranzition, propose cinq titres dont un qu’on se devait de soulever, l’énigmatique A Song For Moumoune Girl. "Moumoune, c’est mon hamster; j’étais déprimé cet hiver et c’était l’objet transitionnel, ça me donnait mon heure de bonheur tous les jours", explique-t-il. "J’ai 53 ans; ça ne m’empêche pas d’être content d’avoir des gens qui me suivent depuis 30 ans, mais c’est encore mieux quand tu as un public jeune, ça veut dire que tu continues à innover."
Les 6 et 7 juillet
Au Musée d’art contemporain de Montréal / Salle Beverly Webster Rolph