Mes Aïeux : Caravane familiale
Ça swingue ferme chez Mes Aïeux: coup de pouce notable au taux de natalité, accouchement d’un troisième album, adoption officielle d’un sixième membre, raffermissement du discours… La grande caravane néo-trad débarque ses petits à Woodstock en Beauce pour une de ses rares sorties de l’été. Que flambent les planches!
En famille
, le plus récent disque de la formation Mes Aïeux, fut très judicieusement baptisé. Non seulement le clan a-t-il vu un membre à temps partiel joindre ses rangs pour de bon, mais il s’est aussi enrichi d’une jolie bande de petits marmots. "Oui, je suis du lot moi aussi!" confie le chanteur, auteur et grand manitou de la tribu montréalaise, Stéphane Archambault. "Au cours des trois dernières années, Éric (Desranleau), notre guitariste-bassiste, a eu une petite fille, mon frère Benoît (multi-instrumentiste, récemment intronisé officiellement) a eu deux enfants, dont le dernier au tout début de l’enregistrement, Frédéric (Giroux) en a eu un en plein milieu et moi, j’en ai eu un à la fin! s’exclame-t-il. Alors c’est une toute nouvelle ball game quand on part en tournée; on a plus l’air d’une espèce de caravane de gitans maintenant, mais ça se gère pas pire", dit-il de sa joyeuse troupe, complétée par Marie-Hélène Fortin (violon, voix) et par Marc-André Paquet (percussions).
La venue d’enfants amène bien sûr son lot de bonheur et de bouleversements, en plus d’entraîner un profond réaménagement des priorités. Sans renoncer à l’humour et au festoiement, le propos des nouvelles chansons s’est fait un brin plus sérieux. "Je dirais que ça s’est fait de manière presque inconsciente, analyse Archambault. On s’est souvent fait dire qu’il y avait une sorte de changement de ton sur cet album-là, puis avec le recul, j’ai l’impression que c’est un peu lié à la venue des bébés. T’as moins le goût de faire le clown et peut-être envie de parler de trucs un petit peu plus importants dans ce contexte-là, de dénoncer certaines affaires (corruption politique, société de surconsommation, fossé intergénérationnel…). On a tout le temps eu notre petit côté engagé, mais sur ce disque-là, on voulait dire les choses un peu plus clairement, se cacher un petit peu moins derrière la légende ou la métaphore, puis y aller plus cru. Mais en même temps, il y a encore une couple de tounes vraiment ludiques et niaiseuses dans le tas… Les priorités, oui, elles changent beaucoup; parce que ta priorité, tu te lèves le matin puis elle te fait un gros smile! Alors c’est pas ben ben compliqué…"
L’engagement, le groupe y baigne depuis ses débuts; sa naissance lui en serait même fort redevable. "Ça va sembler bizarre, mais c’est vraiment pour des raisons politiques", avance le chanteur pour expliquer l’envie primaire d’explorer les sonorités traditionnelles. "Quand on a commencé, c’était en 1996, après le dernier référendum… Il s’était passé quelque chose après celui de 1980. Les artistes québécois s’étaient comme tassés, puis ça avait donné Men Without Hats, The Box; plein de Québécois qui chantaient en anglais. Après celui de 1995, on a eu peur que se produise le même genre de flou culturel, alors on s’est dit que tout ce qu’on pouvait faire, c’était de manifester une certaine fierté d’être québécois… La seule façon d’intéresser les gens à ça, c’était d’avoir du plaisir avec et de montrer que ça peut être le fun. C’est donc ça qu’on a fait et j’ai l’impression qu’il y a eu comme une espèce de mouvement spontané et que plein de jeunes ont eu à peu près le même genre de réflexion…"
Ce boom de la musique à saveur traditionnelle, les festivaliers rassemblés à Saint-Éphrem pourront y goûter pleinement, alors que la formation offrira un de ses rares concerts estivaux. "Histoire de se donner le temps de s’acclimater à la tournée avec les bébés, puis aux bébés tout court, on s’est pris une couple de gros événements, puis le restant est assez slack, cet été; la vraie tournée devrait plus commencer à l’automne… Ce qu’il y a de très cool dans le fait qu’on ne fasse pas beaucoup de shows, c’est qu’on a vraiment très hâte à chacun d’eux. Woodstock, on s’en fait parler pas mal et on a la ferme intention de brasser la cabane!"
Le 1er juillet à 1 h
Sur la scène Molson Dry de Woodstock en Beauce