Pennywise : Politique amplifiée
Musique

Pennywise : Politique amplifiée

Le chanteur du groupe punk Pennywise, JIM LINDBERG, a la trouille. Si le président Bush est réélu en novembre, il appréhende un exode massif d’Américains, peut-être vers le Canada! Mais l’option perd de son charme devant le spectre Stephen Harper… Ère d’effroi.

À l’écoute du dernier album de Pennywise, From the Ashes (Epitaph, 2003), difficile de ne pas flairer un certain malaise, voire une peur aiguë envers la grande Amérique. Les guerriers en poste à la Maison-Blanche, la complicité des médias, l’apathie de la masse… Autant de symptômes inspirant de vigoureux élans punk, mais aussi moult craintes pour la suite des choses. Le pire danger? "Très bonne question! concède le chanteur Jim Lindberg. Je crois que l’administration actuelle, avec George W. Bush et Dick Cheney, est très dangereuse pour les Américains. Simplement parce que ces personnes n’ont à cœur les intérêts de personne excepté les leurs; ils démontrent une indifférence totale envers le peuple. Avec leur politique extérieure, ils nous ont placés dans une situation où la plupart des gens sur la planète n’aiment plus les États-Unis et ça m’inquiète; j’habite tout près de l’Aéroport international de Los Angeles, qui constitue une cible très plausible pour une attaque terroriste… Je crois que c’est de là que vient l’anxiété patente sur le disque, du fait d’être pris dans le jeu de quelqu’un d’autre…"

Autre source de frayeur: les médias. Outils démocratiques essentiels, ils souffrent grièvement de la vague de "faux patriotisme" qui déferle depuis le 11 septembre. "Certains font un excellent travail et rapportent du mieux qu’ils peuvent ce qui se passe, admet Lindberg, citant l’exemple du Los Angeles Times. Mais la chaîne télévisée la plus populaire au pays est Fox TV, qui a un irrémédiable parti pris pour le président Bush. C’est presque criminel, à mon avis, la façon dont ils endossent systématiquement ses politiques et la manière insolente qu’ils ont de traiter tous les intervenants dotés d’un point de vue le moindrement libéral… C’est une tragédie qu’un de nos plus grands réseaux télévisés ne montre qu’un côté de la médaille sur des enjeux aussi importants!" Et les conséquences d’une réélection de W. Bush? "Ça serait terrible! Je crois que l’on verrait beaucoup de monde déménager et s’enfuir… peut-être au Canada!" rigole-t-il. Mais lorsque mis au courant de la popularité du conservateur Stephen Harper à l’approche des élections fédérales, Lindberg reconnaît qu’un combo Bush-Harper en Amérique du Nord ne présagerait rien de bon. "L’élection de gouvernements conservateurs puise sa source dans la peur. Et c’est chaque fois dramatique à plusieurs niveaux: pour l’environnement, pour les classes ouvrières, pour la politique extérieure… Ces gens ont tellement une manière réductrice de voir le monde!"

Si, après plus de 15 ans d’existence, l’invincible formation complétée par Fletcher Dragge (guitare), Randy Bradbury (basse) et Byron McMackin (batterie) continue de déchaîner les foules comme elle compte bien le faire à Woodstock en Beauce, c’est justement grâce au processus démocratique qu’elle applique depuis le départ. "Tout le monde dans le groupe a droit à son opinion et chacune a le même poids; nous décidons de tout par vote… Mais il peut aussi y avoir des révolutions et des tentatives de coups d’État (rires), alors dans ce sens-là, c’est comme dans toutes les démocraties: on peut parfois perdre le contrôle! Mais je crois que nous sommes encore là parce que nous respectons l’avis, les besoins et les désirs de chacun. Jusqu’ici, on a réussi, alors on continue…"

Le 2 juillet à 21 h
Sur la scène Molson Dry de Woodstock en Beauce