Stacey Kent : Fille de joie
Son grand-papa russe a résidé 17 ans à Paris avant de s’installer à New York. C’est là que la petite Stacey Kent a grandi en écoutant les disques de Michel Legrand, en récitant du Brel et du Pouchkine.
"Quand j’étais petite, il me parlait toujours en français. Mon amour pour la culture vient de là." Mademoiselle Kent est du genre qui aime les grosses bouffes, le vin, les copains, et qui ne se fait pas prier pour qu’on égrène quelques refrains en fin de soirée. Du moins, c’est l’impression qui se dégage de son nouvel album The Boy Next Door, un bouquet de chansons pleines de jazz et d’humour, de romance et de joie. Écoutez-la chanter Que reste-t-il de nos amours? dans la langue de Trenet, avec cette fraîcheur et ce rien de minauderie qui vous arrache un sourire attendri. "Cet album, c’est vraiment mon préféré", déclare la chanteuse qui ne semble pas vouloir s’attarder sur ses trois précédentes réalisations. Et comment décrire son interprétation de What the World Needs Now, qui balaye avec piano et voix l’originale de Dionne Warwick. Rendue avec un brin d’optimisme craquant, cette lecture 2004 mise à jour est très à propos.
Sur le reste de l’album comme dans son show, l’Américaine interprète avec aplomb une série de chansons rendues célèbres par des mecs comme Ray Charles, Nat King Cole, Sammy Davis ou Frank Sinatra. Faut-il du culot?
"Je ne me compare pas à ces grands interprètes. Mais de par ma propre petite expérience, j’apporte autre chose à ces chansons. Parce que chacun raconte les histoires de manière différente. Il y a même des gens dans mon public qui ne connaissaient pas l’originale, de toute façon. Je n’essaie même pas de faire la meilleure version, je raconte ces histoires de mon point de vue à moi, c’est tout."
Le répertoire de Stacey et son bagout semblent ravir un public de plus en plus large aux quatre coins de la tournée. Un exercice à double tranchant, vraiment. Car autant il est facile de séduire le grand public des variétés jazz en entonnant Making Whoopee, autant on peut se casser la gueule avec les chansons des autres.
"Si je ne trouvais pas un répertoire pour exprimer mes sentiments, j’écrirais des chansons. Ces histoires que je chante racontent ma propre histoire. Elles sont métaphoriques. Je les chante aussi à mes neveux et nièces qui viennent me demander d’interpréter Ooh-Shoo-Be-Doo-Bee. Ça les remplit de joie!"
Le 8 juillet
Au Club Soda
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