Magyd Cherfi : Voix de passage
Musique

Magyd Cherfi : Voix de passage

Échappé depuis peu de la grosse machine Zebda, MAGYD CHERFI a pris le temps de confectionner Cité des étoiles, un album fait en famille aux côtés de son comparse Joël Saurin, d’Imhotep et de Mathieu Chedid où se croisent langueur et dénonciation.

Parce qu’il en est à son premier album solo, parce que les amateurs ont parfois l’oreille frileuse ou paresseuse, mais aussi parce qu’une telle association peut se révéler souvent avantageuse pour le principal concerné, Magyd Cherfi sera encore, pour quelque temps du moins, le chanteur du groupe français Zebda. Mais pour Magyd Cherfi lui-même, la rupture semble se passer avec entrain et verve, puisque celui-ci présentait il y a quelques semaines les complaintes de la Cité des étoiles, en plus de lancer sur un deuxième front un premier recueil de textes chez Actes Sud, Livret de famille. Une belle façon de reconquérir son indépendance par rapport au célèbre groupe toulousain, dont le succès monstre a largement débordé les frontières de l’Hexagone.

Aussi, lorsqu’on le joint chez lui ("au coin du feu", précise-t-il!) pour un entretien tout ce qu’il y a de plus décontracté et honnête, Magyd Cherfi n’hésite pas à clarifier la situation sur le statut de son groupe. "Je ne me vois pas encore comme l’ancien chanteur de Zebda, car il est fort possible qu’il y ait un album dans les années à venir… Nous nous sommes seulement dit que chacun devrait faire un projet personnel et que ce serait bien de faire une pause après 15 ans ensemble. Il nous fallait bien sortir des habitudes que nous avions prises pour nous tourner vers quelque chose de plus original et de plus risqué et, après quatre albums, ça paraissait être le bon moment pour le faire…"

Le premier disque est souvent le plus personnel, celui qui puise directement dans les souvenirs de son auteur. Ce n’est donc pas sans raison que Magyd Cherfi précise dans Cité des étoiles que cet album a été "enregistré entre novembre 62 et novembre 03". "Quarante ans de travail", dira-t-il à un certain moment, faisant référence par la bande aux problèmes des enfants de l’immigration, soit le désir d’être accepté, la difficulté d’intégration, la peur du rejet – des thèmes récurrents dans l’album autant que dans la conversation. "Avec Cité des étoiles, j’ai l’impression d’avoir fait un album de transition plus qu’un album personnel. J’avais pourtant l’idée de départ d’écrire des chansons plus intimes et d’effectuer un voyage plus intérieur… Mais je me suis rapidement rendu compte que j’étais revenu avec des textes de combat, à la façon Zebda. Par contre, il y a le vrai Magyd qui en émerge, avec son intimité, avec des problèmes qu’il n’aurait pas pu évoquer dans les chansons de Zebda."

L’autre point sensible chez Magyd Cherfi, qui ramène vers ce thème central de l’exclusion, est cette nostalgie douce et parfois amère qui s’impose au long des Latine est ma racine et C’est par ma mère. "Il y a encore chez moi, explique-t-il, ce besoin de raconter notre histoire, celle des enfants de l’immigration, autant que de parler de l’enfance et de l’adolescence comme des périodes d’exclusion. En fait, je ne parle pas pour ma personne. Je suis plutôt dans l’évocation de l’exil et de toutes les formes d’exclusion, comme chacun peut les vivre au fond de soi."

Le 9 juillet à 20 h
Au Parc de la Francophonie
Le 10 juillet à 21 h 30
À place D’Youville
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