Violent Femmes : Airs libres
Rien n’a vraiment changé depuis les premiers balbutiements de Violent Femmes dans les rues de Milwaukee, il y a plus de 20 ans: mêmes instruments, répertoire similaire, toujours cette profonde aversion pour les répétitions et les plans de concert préétablis… Rien n’a changé. Sauf peut-être la quantité d’admirateurs.
"Je suis convaincu qu’on ne cesse de s’améliorer, qu’on n’a jamais été d’aussi bons musiciens et que le concert est à son meilleur. Mais en gros, c’est encore et toujours le même spectacle, depuis 23 ans maintenant", explique Gordon Gano, chanteur et guitariste de Violent Femmes, quelques jours après son 41e anniversaire de naissance. Voilà en effet bien des lunes que le guitariste des Pretenders, James Honeyman-Scott, a découvert le trio dans les rues de Milwaukee, événement qui allait mener à l’enregistrement d’un mythique premier album éponyme (Slash, 1983), constituant toujours l’essentiel des concerts contemporains avec son successeur, Hallowed Ground (1984). Peut-on venir à en avoir assez de rejouer sans cesse les mêmes succès, presque tous composés à l’adolescence? "Heureusement pour nous, et aussi pour les gens qui viennent voir les concerts, on n’est pas encore tannés! Et je crois qu’un facteur clé pour ça, c’est qu’on ne pense absolument jamais aux chansons, sauf quand vient le temps de les jouer sur scène. À part ça, c’est comme si elles n’existaient pas…"
Cette technique, Gordon et ses complices, Brian Ritchie (basse) et Victor De Lorenzo (batterie), l’appliquent à la lettre depuis toujours: jamais de répétitions et surtout, aucune liste de chansons à suivre en spectacle. "On a fait des tournées dans plusieurs parties du monde depuis des années et à ma grande surprise, je n’ai toujours pas rencontré de groupe qui n’utilisait pas de setlist… Dans notre cas, c’est toujours Brian qui appelle les chansons, alors le concert change chaque soir. Bien sûr, chacun a droit à son veto, mais on s’en sert très rarement… Et quiconque l’utilise est mieux d’avoir une très bonne raison ou une excellente solution de rechange sur-le-champ!" rigole-t-il. Quant aux répétitions, non seulement la formation les abhorre, mais leur inexistence contribuerait aussi grandement à la vitalité des concerts. "Si j’ai quelque chose de nouveau à proposer, je pars et on le fait; c’est aux autres de choisir de s’y joindre ou non. Nous avons créé beaucoup de matériel de cette façon et ça fonctionne bien pour nous; c’est très étrange… Mais ça maintient le tout rafraîchissant, et pour le public, c’est intéressant de sentir qu’il se passe quelque chose, que, peut-être, tout se déroulera bien, ou que, sinon, tout s’écroulera. On ne le sait jamais vraiment non plus sur scène et plus souvent qu’autrement, on s’en tire bien… C’est ce qui rend les concerts excitants!" lance-t-il, relatant cette prestation à l’improviste, en Grèce, d’un grand succès local. "C’était un morceau du groupe Pix Lax, que j’aime beaucoup, et j’avais appris le texte en grec… C’était très rigolo d’observer Brian et Victor parce qu’ils n’avaient jamais entendu ni joué la chanson, et la foule était en délire…"
La longévité et la popularité croissante du groupe sont dues en grande partie au renouvellement perpétuel du public, qui s’étend désormais à plusieurs générations. Sans parvenir à comprendre tout le phénomène, Gano s’en réjouit et suggère quelques hypothèses. "Le groupe n’a jamais été sur la couverture d’un magazine important, n’a jamais eu d’album à succès, dans le sens traditionnel du terme, sur les palmarès, et nous n’avons jamais eu la grosse machine promotionnelle derrière nous. Alors nous n’avons jamais été vraiment populaires ou les vedettes d’un moment précis, ce qui peut expliquer qu’on n’ait jamais été impopulaires non plus… Peut-être aussi parce que j’ai écrit ces chansons à l’école (highschool) et qu’on les a enregistrées alors que j’avais 18 ans; la voix sur cet enregistrement est vraiment celle d’une personne de cet âge, ce n’est pas des hymnes adolescents chantés par une personne plus âgée… Peut-être est-ce que ça apporte un peu de vérité ou d’authenticité à ces pièces. Je ne sais pas vraiment. Je crois que c’est le travail des journalistes d’analyser tout ça…"
Le 10 juillet à 21 h 30
Au Parc de la Francophonie