Patricia Barber : Du talent jusqu'au bout des doigts
Musique

Patricia Barber : Du talent jusqu’au bout des doigts

Patricia Barber appartient à cette génération de chanteuses qui, depuis plus de dix ans déjà (Diana Krall, Cassandra Wilson), ont ajouté à l’interprétation de standards de jazz de grandes chansons pop avec lesquelles elles ont grandi: Ode To Billy Joe, Light My Fire. Très vite, Barber a ressenti le besoin d’exprimer son univers intérieur. Dans des chansons très personnelles, elle pose un regard fort lucide sur le monde actuel et sur les relations interpersonnelles. Les albums Modern Cool et Verse offrent des textes brillants et fort poétiques comme Touch of Trash et Silent Partner, qui font découvrir une artiste majeure.

Patricia Barber s’intéresse de près à la poésie et elle n’a pas hésité à mettre les mots de grands poètes en musique, comme l’écrivaine noire Maya Angelou et E.E. Cummings: "La chanson et la poésie sont deux genres différents. Je lis de plus en plus de poésie. Présentement, je lis Tennyson. J’aime la façon dont il a créé une nouvelle forme d’écriture." Par ailleurs, Barber aime manipuler certains concepts provenant de la philosophie ou des arts visuels. Dans Postmodern Blues, elle oppose avec un certain désabusement le modernisme début vingtième siècle (avec Marx, Cézanne, Picasso) au postmodernisme de Bill Gates: "J’aime l’ordinateur, mais je suis parfois nostalgique. L’autre jour, je suis allée dans un magasin: on n’y vendait plus de papier pour écrire. Cela m’a rendue triste. Les créateurs des années 1900-1930 ont apporté des innovations incroyables qui laissaient espérer, avec optimisme, que les choses pourraient changer." L’album Verse confirme d’ailleurs l’intérêt de la chanteuse pour l’Europe, pour la littérature française (elle a mis en musique un texte de Verlaine). Malgré un côté sombre, cet album de Barber reste sans doute son plus accompli. Il est fortement empreint de la tonalité du blues, mais traitée avec une réelle modernité, grâce à la présence de Dave Douglas et de Joey Baron: "Le son de Verse représente une progression logique. Quelque chose comme du pop alternatif. Le travail du guitariste Neal Alger est différent de celui de John McLean." Le prochain disque de Barber sera un enregistrement live. Il faut voir la musicienne en concert, cette façon qu’elle a de prendre le piano à bras-le-corps, ce jeu fluide au piano dans la veine des grands comme Hancock. Au Spectrum, elle se produira en quartette, entourée de son noyau fidèle: Michael Arnopol (contrebasse), Neal Alger (guitares) et Eric Montzka (batterie).

Le 9 juillet
Au Spectrum
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