Richard Bona : Bona petit, grand Bona
Il va y avoir beaucoup de monde à la Salle Wilfrid-Pelletier le 2 juillet pour voir le célèbre George Benson. Moi j’y serai pour voir Richard Bona. Ce grand bonhomme du Cameroun a joué sur le dernier album de Benson, mais aussi sur le dernier Metheny. On l’a vu l’année dernière, dans la même salle, pour une formidable pièce improvisée avec son ami Boby McFerrin; on l’avait vu aussi délirer avec le Zawinul Syndicate au Spectrum il y a quelques années. Mais c’est la première fois que Montréal lui offre 45 minutes à lui tout seul. Et, croyez-moi, c’est tout un programme! Surtout quand on connaît les multiples talents qu’il cumule avec une facilité désarmante. Bassiste extraordinaire, chanteur doué, guitariste et percussionniste, joueur de balafon ou de piano à pouces, Richard est probablement un des très grands du moment. Sa feuille de route est énorme et, de plus, il a produit l’année dernière son troisième album solo, Munia (le conte), un disque foisonnant de sonorités africaines qui traverse les genres avec une élégance princière.
"Mon grand-père disait souvent:
Bona prête main-forte à tellement de projets que j’ignorais qu’il avait le temps d’entretenir un band à lui. Parce qu’il joue des musiques du monde avec énormément de fluidité, il s’entoure volontiers de musiciens de multiples nationalités. "Mon claviériste Étienne Declin vient du Surinam Stadwijk; le percussionniste est colombien, Samuel Torrez Martinez; j’ai un Français à la batterie, Stephan Andre Vera, et un saxophoniste américain, Michael Aaron Heick. Le groupe existe depuis sept ans. Maintenant, je ne veux plus partir en tournée pendant sept mois avec d’autres têtes d’affiche. Ça ne me laissait pas assez de temps pour travailler ma propre musique."
Venu aux États-Unis pour accompagner Harry Belafonte, Richard Bona a vite tourné ou enregistré avec une brochette impressionnante de grosses pointures du jazz en tout genre: Tito Puente, Chick Corea, Cecil Taylor, Chucho Valdes, pour ne citer qu’eux. Autant il a l’air tranquille et nonchalant, autant il travaille fort. Si vous l’appelez à son domicile de Brooklyn à neuf heures du matin, il est déjà dans son studio en train de composer. Il vient de faire un album avec Lokua Kanza et Germain Toto, bricolé en quelques jours, dont j’entends dire de plus en plus de bien. Mais le contrat de scène le plus important que Richard ait honoré récemment, c’était avec son fils de six ans qu’on entend rire dans la bossa Petit Bona, sur son dernier album. "J’ai fait un concert avec Léo dans une petite école publique défavorisée de Brooklyn. En fait, c’était la première fois que je jouais en public avec mon fils au piano. Il tremblait, il avait un vrai trac. Mais il veut continuer dans la musique. Il m’a déjà dit qu’il ne voulait plus aller à l’école." Quand Richard aura le succès qu’il mérite, un fait cocasse comme celui-ci fera le bonheur des tabloïds!
Le 2 juillet à 20 h 30
À la Salle Wilfrid-Pelletier