Scènes extérieures : Juste pour voir le monde
Musique

Scènes extérieures : Juste pour voir le monde

Dan Behrman est un baroudeur de la première heure. Au chapitre des musiques du monde, on peut dire qu’il est monté au créneau. Mille fois plutôt qu’une. Entre son émission hebdomadaire à CKUT Just an Immigrant qui n’arrête pas de réussir des mélanges nocturnes improbables depuis tantôt 15 ans, et son travail intensif de programmateur des scènes extérieures au FIJM depuis 1999, il se passionne, se fait du mouron et s’emballe encore pour les bons coups comme un enfant. Questions sur les séries Tropiques (angle Bleury) et Contact (angle Jeanne-Mance), toutes deux sur De Maisonneuve; un petit parcours où ça voyage beaucoup entre 19 h 30 et 22 h…

"Dans la série Tropiques cette année, il y a un peu de tout sauf que le contingent africain est prédominant, explique le programmateur. Surtout, on a renversé la vapeur par rapport à l’année dernière: il y a beaucoup plus de groupes internationaux. Il reste seulement trois formations locales et un groupe de l’Alberta, Bomba. Mais je peux déjà prévoir que plusieurs de ces groupes vont cartonner. Notamment Franck Beyong et Massak, un groupe multinational qui rassemble des musiciens de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, en plus d’éléments venus de France et des États-Unis. C’est un groupe afro-beat à fond la caisse avec une pêche d’enfer, qui débarque en Amérique du Nord pour la première fois. Il interprète des musiques à thème dans la lignée de Fela, en français, en anglais et en wolof. Le plus intéressant, c’est que certains soirs, on pourra découvrir l’autre aspect des musiques nigérianes avec des groupes de juju, ce qui est plutôt rare ici depuis quelque temps."

Mais tout ça n’est pas aussi simple. Les groupes viennent de loin, les cachets ne sont pas énormes et les musiciens – provenant surtout de pays musulmans – ont parfois encore de la difficulté à obtenir leur visa. Pourtant, certains payent eux-mêmes leur billet pour avoir le privilège de jouer au Festival de Montréal, qu’ils considèrent comme un tremplin unique.

"Un autre groupe dont la venue me réjouit, ajoute Behrman – ça fait plusieurs fois qu’on essaye de l’avoir -, c’est Los De Abajo, une formation mexicaine. C’est un groupe mythique avec une grosse influence traditionnelle mais qui part aussi dans tous les sens: pop, ska, un peu de rap. Tout ça est coloré, roots et anarchiste. Ça va marcher très fort."

Le même soir, juste après, sur la scène voisine GM Contact, il y a Buyu Ambroise avec son Blues in Red. "C’est le seul artiste haïtien en 2004, souligne Behrman. L’émotion est semblable à celle suscitée par Kilti Shòk, qui était venu il y a trois ans. C’est un mélange létal. Une combinaison de rythmes dahoméens et de jazz. De plus, Buyu le fait d’une façon tellement naturelle que ça coule et ça t’emporte. Et l’élément jazz est vraiment respecté. C’est un mariage idéal."

En fait, Behrman explique avoir aménagé cette série pour qu’elle montre le mélange des traditions et cultures avec d’autres idiomes comme le jazz, par exemple. Et la scène, pas très élevée, crée un contact très intime entre spectateurs et musiciens, presque à hauteur d’homme. C’est mieux pour faire des découvertes.

"Il faut qu’on parle de David Amram. D’abord, ce n’est pas n’importe qui. Ensuite, c’est la première fois qu’il joue au Festival de Jazz. C’est un monsieur de 74 ans qui possède l’énergie d’un mec de 20 ans. Il a tout fait dans le jazz. Il a joué derrière Kerouac, il a joué avec Dizzy et Bird. Il a été le premier musicien de jazz à aller à Cuba après l’embargo pour jouer et enregistrer avec des musiciens de là-bas. Il a dirigé 37 orchestres philharmoniques, dont celui de Montréal il y a environ 30 ans!"

Pour en revenir à la scène Tropiques qui n’est donc pas exclusivement une scène reggae, vous l’aurez compris, allez voir Mandinga, je ne vous le dirai pas deux fois. "Je les avais programmés l’année dernière aux Francos, confirme Dan, et ça avait cartonné du feu de Dieu. C’est non seulement superbe musicalement, mais visuellement, avec tous ces danseurs, c’est tout aussi intéressant. De plus, c’est une musique entraînante mais atypique, qui évite les clichés. Et le mot d’ordre ici, c’est d’éviter les stéréotypes!"

Du 30 juin au 11 juillet
En différents lieux
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