Gianmaria Testa : Bonheurs d'occasion
Musique

Gianmaria Testa : Bonheurs d’occasion

Rencontre avec un homme d’une simplicité désarmante, sans aucune prétention. Un homme qui vous parle de petits bonheurs et qui vous fait sentir la possibilité de vivre, pour reprendre l’expression de Pascal Bruckner et d’Alain Finkielkraut. L’échange qui suit vise à être à l’affût de GIANMARIA TESTA, de ses paroles, de son parcours. Une œuvre qui fleure bon la campagne et la mer, les odeurs festives de Turin ou de  Bologne.

Les textes du dernier disque de Gianmaria Testa, Altre Latitudini ("Autres latitudes"), comme ceux des précédents, dessinent et rythment l’univers de l’amour, du temps qui passe saisi au quotidien, des petites choses les plus simples, moments parfois fixés, suspendus sur la pellicule d’une caméra: "Ce n’est pas facile d’exprimer les véritables grands moments de bonheur et de désespoir d’une vie. En fait, ils se suffisent à eux-mêmes. Ce que je préfère, c’est raconter le quotidien, avec ses merveilles, ses petits désastres." Pour Testa, la seule certitude qui peut rester, comme arrivent à le formuler de grands poètes comme le Portugais Fernando Pessoa, c’est le moment présent: "J’ai l’impression, à 46 ans, que le présent est le chemin vers le futur, et que le futur devient de plus en plus le présent."

Toute la poésie de Testa prend racine dans la nature, dans le ravissement que la lune, les étoiles, les coquillages sur la grève, les lucioles peuvent offrir: "La nature, c’est ce qui m’étonne le plus souvent. Je ne peux pas m’empêcher d’y voir quelque chose de miraculeux, de mystique." Par ailleurs, l’humour et surtout l’imaginaire donnent une atmosphère singulière aux textes des chansons récentes, comme Touareg, Vue aérienne, Une luciole d’août, Autres latitudes. "Une luciole d’août est une chanson écrite à 14 ans. Elle exprime le paradoxe de la nature. Un soir, je me trouvais à la campagne. On voyait les lucioles d’été. Le matin, les lucioles disparaissaient. Alors, le soleil, pourtant symbole de vie, condamne la luciole à l’anonymat. Ce qui semble réel est fragile! Tout n’est qu’apparence!" Sur l’album précédent, La valse d’un jour, Testa s’était trouvé un allié, un semblable, le poète et romancier francais Jean-Claude Izoo, maintenant disparu: "Dans un récit d’Izoo, qui s’intitule Le Nain perdu, le protagoniste écoutait mes chansons! J’ai donc voulu rendre hommage à l’auteur. Après cela, Jean-Claude et moi, nous sommes devenus comme des frères."

Sur le plan musical, des musiciens majeurs de la scène italienne du jazz (le grand trompettiste Enrico Rava, le clarinettiste Gabriele Mirabissi et la pianiste Rita Marcotulli) se joignent avec plaisir à l’aventure du chanteur sur Altre Latitudini: "Avec l’âge, je ressens moins l’urgence du rythme. J’éprouve plus la nécessité de voir les choses calmement. Rava et Mirabissi sont des musiciens formidables et des amis. Je pense que le jazz représente, pour le XXe siècle, une révolution musicale qui peut apporter quelque chose à n’importe quelle musique".

Les 12 et 13 juillet à 20 h 30
À la Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre
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