Rizwan-Muazzam Qawwali : L'essence du rythme
Musique

Rizwan-Muazzam Qawwali : L’essence du rythme

Neveux du plus célèbre chanteur de qawwali, l’immense Nusrat Fateh Ali Khan, Rizwan et Muazzam sont les dignes héritiers d’une tradition familiale de chants sacrés dont la beauté n’a d’égale que la puissance spirituelle.

Dans le soufisme, tradition mystique de l’islam, le mot Qaww signifie "ce qui a été dit". Le qawwali désigne la musique traditionnelle classique de dévotion propre au Pakistan. Les ensembles sont généralement constitués de deux chanteurs solistes, de cinq chanteurs secondaires faisant office de chœur et procurant un vigoureux battement de mains, de deux joueurs d’harmonium et d’un joueur de tabla. Rizwan Mujahid Ali Khan et Muazzam Mujahid Ali Khan sont les neveux du grand Nusrat Fateh Ali Khan (décédé en 1997) et ont été élevés, comme lui, dans une tradition vocale qui trouve ses origines aussi loin qu’au XIIe siècle. Rashid Ahmed Din, longtemps compagnon de tournée de Nusrat Fateh, nous parle de cette musique.

Dans quel contexte sont apparus ces chants de dévotion religieuse?
"Les autres grandes religions comme le christianisme ou le bouddhisme utilisaient des chants depuis longtemps. Les soufis de l’Inde intégrèrent graduellement le chant comme médium pour rendre la parole sainte accessible aux gens."

On dit de la musique de Qawwali qu’elle est à la fois rythmique et intense…
"Le rythme est essentiel. Prenez le battement du cœur. C’est une partie de votre vie. Si vous sortez du rythme, vous êtes perdu. Aussi, quand le chanteur performe, il doit s’impliquer totalement, se perdre en elle. La famille Ali Khan possède un style vraiment unique: beaucoup d’énergie, des notes très hautes."

Mais ce que le chanteur soliste fait semble demander beaucoup de virtuosité?
"Plus la pièce progresse, plus le rythme devient rapide. Et si l’idée lui vient, il peut faire un changement à 180 degrés dans telle direction!"

Les mêmes phrases semblent répétées à l’infini. Est-ce que la notion de durée est importante pour vous, la longueur de la pièce?
"Dans notre pays, il n’y a pas de limite de temps. Cela peut aller jusqu’à cinq ou six heures. Sur les scènes occidentales, nous limitons les pièces à une quinzaine de minutes."

Dans quelle mesure cette musique est-elle proche de la musique indienne que nous connaissons?
"L’éducation de base repose sur les ragas. Le propre de ceux-ci est de gagner de plus en plus en intensité."

Dans quelle mesure Rizwan et Muazzam renouvellent-ils les interprétations? Qu’est-ce que les arrangements changent? Peut-on parler de renouveau, de modernité?
"La chose la plus importante à dire au sujet de la famille Khan, c’est qu’ils ont sorti le qawwali des chapelles, des mosquées. Rizwan et Muazzam n’hésitent pas non plus à faire appel à des poètes contemporains."

Est-ce que cette musique mène à la transe?
"Au Pakistan, quand nous chantons, il arrive un moment où nous ne pensons plus et où nous avons le sentiment d’être en présence de l’éternel."

Le 13 juillet à 16 h 30 et les 14 et 15 juillet à 19 h
À place D’Youville
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