Festival International Nuits d’Afrique : Nuits majeures
Qui l’eût cru? Le festival africain de Montréal entame, bien vivant, sa dix-huitième année! Et si la manifestation quitte le Spectrum en 2004, c’est pour mieux s’étendre au plus vaste Métropolis. Le FINA retrouve aussi le Medley et gagne le Lion d’Or, tout en se gardant le Kola Note et le bon vieux Balattou, le bastion où tout a commencé.
La performance mémorable livrée par l’Ivoirien Alpha Blondy et son très solide Solar System au Métropolis, dans le cadre de Nuits d’Afrique hors saison, aura eu un écho pour le moins retentissant. Il n’en fallait pas plus pour que le maître incontesté du reggae africain devienne le parrain attitré de l’édition 2004 et qu’il remette Montréal sur sa mappe, lui qui nous avait désertés pendant près de dix ans. Alpha vient donc ouvrir le bal et donner le ton à un festival où, ma foi, il y a un peu de tout.
Africa Club
D’abord, des vieux. C’est fou d’ailleurs comment la référence au Buena Vista Social Club est devenue l’argument facile, l’aune à laquelle se mesurent la vieillesse et la cote de sympathie des musiciens de la vieille garde. Je ne vous dirai donc pas que Bembeya Jazz et Kekele sont les papis fringants de l’Afrique occidentale, mais c’est clair dans ma tête que leurs guitaristes sont meilleurs que Manuel Galban et qu’ils devraient remplir des salles comme Ibrahim Ferrer.
"Ça, c’est de la bonne musique congolaise!" peut-on entendre scander sur ce disque complètement irrésistible, Congo Life, qui voit la réunion de ces vétérans de la rumba zaïroise. Le résultat est un plat savoureux, fortement épicé, avec en prime cette espèce de nonchalance inimitable et cette indescriptible naïveté, typiquement africaines. Sur disque, ça fonctionne super bien, reste à savoir ce qui va se passer live, considérant qu’il s’agit là d’une musique dont toute la vocation est d’ambiancer la foule. Le mélange Bembaya Jazz est légèrement plus complexe quant à lui, parce qu’il inclut des éléments mandingues et guinéens avec quatre guitares électriques et les harmonies vocales des trois chanteurs. Authentique fleuron de l’âge d’or des orchestres de danse d’Afrique de l’Ouest, le Bembaya, qui n’avait pas enregistré depuis 15 ans, renaît grâce à Christian Mousset, l’instigateur français de Musiques Métisses et du festival d’Angoulême. C’est langoureux à souhait, nostalgique parfois, toujours authentique. Et parmi les vieux de la vieille, signalons aussi le retour de Thomas Mapfumo, le vieux lion du Zimbabwe, ainsi que la visite plus rare du guitariste aveugle André Mara Tala, un Camerounais dont la réputation est quasi légendaire.
Sang neuf
Tous les festivals semblent avoir leur lot de redites mais, heureusement, il y a toujours de la place pour les découvertes. Après Gino Sitson l’année dernière, cette fois, il faudra observer l’audacieuse formation Atlas Soul, et plusieurs têtes féminines comme Maria De Barros, la nièce de Cesaria, Queen Étémé du Cameroun, Tatouages, Sister Soul en première partie du spectacle d’ouverture.
Et à côté des valeurs sûres comme le collectif américano-nigérian Antibalas qui revient avec un nouvel album percutant, Who Is This America?, plus engagé que jamais, il y
a aussi Chris Combette, le rasta créole, avec ses colères plus modérées. Même s’il n’a encore signé aucun gros tube, le sympathique Guyanais était passé par Montréal il n’y a pas longtemps, seul avec sa Godin. L’occasion pour nous de découvrir ses vastes qualités de rythmicien et de décrypter ses judicieux mélanges de reggae, de konpa et de samba. Excellent mélodiste, il produit une musique chatoyante avec des rimes souvent riches et des textes pertinents, chose qui n’est pas toujours évidente dans la chanson antillaise. Français, anglais et créole se fondent dans sa langue poétique et ses préoccupations restent fidèles à des valeurs essentielles. Il revient cette fois avec un groupe de quatre et n’aura aucun mal à faire danser le club du boulevard Saint-Laurent.
Du 13 au 25 juillet
Info: www.festivalnuitsdafrique.com
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