Peter Cincotti : Ceci n’est pas un clone
Le jeune pianiste et chanteur new-yorkais Peter Cincotti est loin d’être un crooner de plus, anonyme de passage condamné aux oubliettes. À 20 ans et des poussières, il s’avère déjà une valeur sûre. Encouragé très tôt par Harry Connick Jr. et par David Finck, contrebassiste habitué à accompagner les plus grands noms du jazz vocal, Cincotti a développé un style personnel qui s’appuie sur de solides assises. Il a été initié très jeune à la musique: "J’ai commencé à jouer du piano à l’âge de trois ans. J’ai été élevé à Manhattan. Mes parents et ma sœur m’emmenaient tout le temps assister à des concerts rock, puis, plus tard, nous sommes souvent allés dans des clubs de jazz." Sur son disque paru l’an dernier, nous retrouvons plusieurs références à des figures mythiques du piano jazz, stylistes auxquels Cincotti rend du même coup hommage. C’est en écoutant Fats Waller interpréter Ain’t Misbehavin que le jeune homme a découvert quel plaisir l’on pouvait avoir à jouer du piano. You Stepped Out of a Dream s’inspire de l’interprétation de Nat King Cole: "J’ai toujours été fasciné par la façon de jouer et de chanter de Nat King Cole. J’apprécie aussi beaucoup Ray Charles et Stevie Wonder. Chez chacun, il s’agit d’un équilibre subtil entre le chant et le jeu." Cincotti interprète aussi plusieurs classiques comme Sway, de Norman Gimbles, Miss Brown et Comes Love. Même s’il est toujours possible de poser un regard neuf sur ces chansons, d’en avoir une approche vierge, plusieurs pourraient prétendre que Cincotti est bien jeune pour aimer ces standards: "Je peux m’approprier ces vieilles chansons, peu importe le moment où elles ont été écrites. Elles touchent des sujets qui ne vieillissent pas. J’aime parvenir à offrir une interprétation personnelle et renouvelée de ces chansons." Cincotti a un penchant manifeste pour les mélodies envoûtantes, celles qui vous restent en tête. "La mélodie est un aspect vachement important d’une chanson. Mais les paroles aussi. Encore là, c’est le mariage des deux qui vient vous chercher." Toujours sur ce premier disque, l’interprète y va de quelques pièces originales comme la très belle Lovers, Secrets, Lies qu’il chante un peu à la façon de Tony Bennett: "J’ai écrit trois musiques, ma sœur signe les paroles. Pour le prochain album, qui paraîtra en septembre, je veux écrire mes propres textes. Cela va beaucoup modifier mon rapport à la chanson." Enfin, sur le plan musical, Cincotti a pu tirer des enseignements d’un nombre impressionnant de pianistes de premier plan comme Sy Johnson, Ellis Marsalis, le moderniste Fred Hersch: "J’ai grandi à New York, aussi ai-je eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont soutenu avec un réel enthousiasme. Chacun de ces pianistes a une approche différente de l’instrument. J’écoute aussi beaucoup des pianistes comme Keith Jarrett et Brad Mehldau." Dans le programme double qu’il partagera avec la chanteuse Carol Welsman au Théâtre Maisonneuve, le jeune pianiste se produira en quartette avec ses musiciens de tournée: Scott Kretzer au saxophone, Barak Mori à la contrebasse et l’excellent batteur d’origine canadienne Mark McLean (que l’on peut entendre sur les récents enregistrements d’Andy Bey ou de Jane Bunnett). Avec des pianistes-chanteurs comme Loston Harris et lui, la relève des Tony Bennett et Frank Sinatra est assurée. Peter Cincotti, sans nul doute, est là pour rester.
Le 10 juillet
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
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