Angélique Ionatos : Kahlo souvenirs
Ceux d’entre vous qui sont entrés en contact avec le personnage de l’artiste mexicaine Frida Kahlo par l’intermédiaire d’adaptations théâtrales ou cinématographiques auront sans doute été touchés par ce personnage de femme à la fois fragile et forte. Au tour maintenant de cette autre femme intense et mystérieuse qu’est ANGÉLIQUE IONATOS de lui rendre hommage. En chansons, cela va de soi.
Au moment même où les grands créateurs espagnols Dali, Lorca et Buñuel (au cœur de la fiction récente proposée par Philippe Soldevila et Simone Chartrand) révolutionnaient l’art européen, Frida Kahlo, à partir d’un destin personnel singulier (handicap physique résultant d’un grave accident d’autobus, relation trouble et frustrante avec son mari Diego), allait elle aussi rompre, d’aussi belle façon, avec la manière traditionnelle de représenter le réel, bousculant les formes et les couleurs sous l’impulsion du cœur, des émotions. Une femme forte et courageuse n’hésitant pas à exprimer sa solidarité avec les autres femmes. Un être refusant le linceul de la terre pour offrir son corps aux flammes et prendre son envol comme un ange!
Dans une démarche similaire à celle de ses projets antérieurs, Angélique Ionatos s’est inspirée de l’œuvre de Frida Kahlo pour vivre une expérience musicale: "Je voudrais dire que c’est la musique que mon pianiste, Christian Boissel, a écrite sur Frida Kahlo qui m’a réellement fait sentir qui elle était. Christian est un homme curieux. Il a aimé cette femme à la vie houleuse, vouée à être alitée, qui vit une vie intense, qui est laissée pour morte puis qui renaît. Une rage de vivre admirable. C’est plus tard qu’on m’a proposé de faire quelque chose comme musicienne. Je connaissais Kahlo depuis 1993-1994, par sa peinture, par son journal. Dans notre spectacle, vous allez retrouver des traces de la vie de Kahlo, certains aspects. Mais ne vous attendez pas à retrouver, comme dans le film, les étapes de sa vie. Mon souci, c’est d’oublier Frida. C’est notre inspiratrice, notre égérie, elle nous a amenés à nous. Elle nous aura fait comprendre le sens de la destinée humaine. On est tous des cannibales!"
Les chansons de Alas Pa Volar retiennent de la vie de Kahlo des émotions communes à chacun d’entre nous: la solitude, l’attente (Esperar), les attaches de la rue (Calladamente), des sentiments de légèreté (Nada Comparable), d’espièglerie (Nana). Ionatos chuchote les premiers mots d’un grand poème de Rafael Alberti, La Paloma (La Colombe), retranscrit par Kahlo dans son journal intime. Chanter en espagnol procure à Ionatos un plaisir profond: "J’adore cette langue. Comme le grec. C’est une culture de poésie. C’est une langue que je sens profondément." Comme compositeur et arrangeur, Christian Boissel a été sensible aux styles de musique latino-américains, à des danses comme le danzon et le tango, il a eu recours à des instruments comme la trompette et le tuba. Michael Nick joue d’un violon pleureur dans Si Tan Solo et surtout dans Esperar: "Sans doute Christian a-t-il été sensible à certains aspects de la musique mexicaine, mais de loin. Toute l’équipe, nous avons pris un immense plaisir à élaborer cette musique. Nous avons travaillé pendant des mois. Cela nous a procuré un plaisir infini. Nous avons beaucoup appris du fait d’être soumis à la discipline théâtrale. Le metteur en scène, à partir d’improvisations, a su tirer beaucoup de choses de nous. Pour le spectacle à Québec, nous ajoutons deux compositions, l’une inspirée de Pablo Neruda et l’autre d’Astor Piazzolla. Il n’y aura pas de vents. Piano, bandonéon, contrebasse, percussions."
Les 17 et 18 juillet à 20 h 30
À la Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre
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