Evanescence : Fièvre gothique
Musique

Evanescence : Fièvre gothique

Le premier disque de la formation américaine Evanescence est paru il y a plus d’un an, en mars 2003 pour être précis, et la fièvre entourant le répertoire pop-gothique de Fallen ne semble pas encore sur le point de redescendre. Plus de 11 millions de fans se sont procuré l’album à travers le monde, un exploit dont se surprend encore la chanteuse et leader de la formation, AMY LEE.

"Je dois admettre que je ne m’attendais pas à un tel succès. J’espérais assurément que tout irait bien, car je croyais qu’Evanescence avait beaucoup de potentiel. J’aime notre musique, tu sais, et je me disais que si je l’aimais de tout mon cœur, d’autres personnes l’apprécieraient autant. Cela dit, quand on est musicien, il faut aussi prévoir le pire. Il y a tellement de bons groupes qui ne percent pas", s’exclame la sympathique et articulée chanteuse.

À ce stade-ci de la carrière d’Evanescence, Amy Lee pourrait très certainement refuser de se plier aux exigences de son label Sony, mais chaque fois qu’on lui demande de répondre aux questions des journalistes, la jeune femme de 22 ans se plie de bonne grâce à leurs requêtes. Mieux encore, elle se livre sans censure. Une qualité rare, d’autant plus que la chanteuse s’est déjà brûlé les ailes au jeu de la franchise. En janvier dernier, lors d’une entrevue publiée sur le site australien Undercover.com, elle s’est aventurée en terrain glissant, annonçant la rupture de Cold, l’ancienne formation du guitariste Terry Balsamo, en plus de commenter les multiples séjours du chanteur Scooter Ward en clinique de désintoxication. En réponse à ses propos, Cold a émis un communiqué niant les rumeurs de rupture et reprochant à Amy d’avoir discuté sur la place publique des problèmes personnels de Ward. Même si elle tourne désormais sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler, Amy assure qu’elle n’a pas l’intention de changer. "Je vais continuer de livrer le fond de ma pensée. J’apprends néanmoins à faire plus attention à ce que je dis. Cet incident m’a vraiment inculqué une bonne leçon. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive de dire tout haut ce que les autres n’osent pas dire, mais hé! je suis humaine et il m’arrive parfois d’oublier que le monde entier est à l’écoute. Malgré tout, je ne peux pas supporter l’idée de me censurer. Pour en revenir à Cold, mon erreur a été de parler de la rupture du groupe alors qu’il ne l’avait pas encore annoncée officiellement. Je n’ai fait que répéter ce que m’avait dit Terry", explique la chanteuse. Elle avoue par contre qu’elle n’était pas très fière d’avoir à s’excuser publiquement: "Mais quand j’ai tort, je n’hésite pas à l’admettre. C’est la même chose lorsqu’il s’agit de ma vie privée", assure Amy.

Cirque médiatique
En ce sens, il ne lui viendrait jamais à l’esprit de cacher le fait qu’elle fréquente depuis plus d’un an Shaun Morgan, le chanteur du groupe Seether, qui accompagne Evanescence dans sa tournée estivale. "Je ne vois pas pourquoi on devrait se cacher", assure Amy. Elle admet cependant qu’avec le recul, elle regrette un peu d’avoir accepté de chanter en duo avec lui la chanson Broken (disponible sur la trame sonore du film The Punisher et sur la réédition du premier album de Seether, Disclaimer II). "On a eu l’idée de cette collaboration bien avant de sortir ensemble. Même si je savais que je prenais un risque en collaborant avec Shaun – ce n’est pas toujours une bonne idée de mélanger l’amour et le travail -, j’ai accepté parce qu’à mon avis, Broken est une excellente chanson", affirme Amy. Jusque-là, tout va bien. Ce que la chanteuse regrette, c’est la façon dont Sony utilise Broken. "Notre première intention, en enregistrant la pièce, c’était de la diffuser sur Internet en format MP3, sans plus. Quand les gens de Sony ont découvert Broken, ils ont pris les choses en mains et transformé quelque chose de naïf en un énorme cirque. C’est frustrant, car en bout de ligne, c’est moi qui reçois toute l’attention, alors que je n’en ai pas besoin! C’est Seether qui mérite tout le crédit. J’adore Seether, mais sans moi dans le portrait!" s’exclame en riant Amy. Puis, reprenant son sérieux: "J’ai vraiment l’impression d’avoir gâché quelque chose d’important pour le groupe, alors qu’il commençait tout juste à se faire un nom. C’est très, très frustrant d’être le centre d’attention, alors que j’aurais dû rester dans l’ombre", assure la chanteuse.

Cela dit, Amy n’a pas de problème avec la notoriété d’Evanescence, qu’elle assume seule depuis le départ inattendu du guitariste Ben Moody en octobre 2003. "Il arrive qu’on me reconnaisse, mais pas à tout coup. Étant donné que les gens ne s’attendent pas à me voir surgir à côté d’eux, ils ne font pas attention, surtout quand mes cheveux sont relevés. Par contre, dès qu’ils sont libres (ses cheveux), c’est une autre histoire", affirme en riant la chanteuse qui s’est récemment acheté une maison dans les environs de Los Angeles. "Je n’ai pas l’intention de rester éternellement dans la région, mais pour l’instant, ça me convient", explique celle qui se dit impatiente de réintégrer le studio pour enregistrer des nouvelles chansons. La date de parution du successeur de Fallen n’est pas encore prévue, mais selon Amy, rien ne presse. "On a décidé de prendre notre temps. Ce n’est pas comme si on avait besoin de mettre de la nourriture sur la table", estime la chanteuse en insistant sur le fait que le prochain album sera aussi celui de ses musiciens, les guitaristes John LeCompt et Terry Balsamo, le bassiste Will Boyd et le batteur Rocky Gray. "On compose chacun de notre côté, puis quand le moment sera venu d’entrer en studio, on mettra nos idées en commun. J’adore collaborer avec mes musiciens, car c’est quelque chose de totalement nouveau pour moi. Cela dit, impossible de prédire pour l’instant la direction que prendront les nouvelles chansons", conclut Amy. C’est donc une histoire à suivre.

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