Millimetrik : Des souris et des âmes
D’abord batteur sachant allier force brute et subtilité du langage percussif, Pascal Asselin alias MILLIMETRIK travaille présentement à la finition de son second essai de musiques électroniques atmosphériques. Des éventails de morceaux d’âme qu’il dissèque en quelques clics.
Lorsqu’il endosse le pseudo de Millimetrik, Pascal Asselin cherche l’équilibre. Ses fines nappes sonores superposées, le batteur (Below the Sea, Les Qc’s, Glider) et architecte de musiques ambiantes les veut à la fois souveraines, mais aussi éventuels supports de productions cinématographiques.
Entre la surabondance de l’abstraction expressionniste et la subtile parcimonie de la musique de films, il doit donc jouer les funambules afin de demeurer assis entre ces deux chaises. "C’est pas toujours évident, il y a des pièces qui peuvent très bien vivre seules, alors qu’il y en a d’autres qui, avec le temps, tiennent moins bien la route", confie celui qui avoue avoir absorbé le versant musical de la trilogie Bleu, Blanc, Rouge de Kieslowski et l’univers "lynchien" d’Angelo Badelamenti avant d’entreprendre la réalisation de son premier essai en solo: Variety Is the Spice of Life.
Un premier disque dont le successeur, à paraître dès cet automne, devrait permettre d’observer une nouvelle tangente entreprise par le créateur. Du moins, c’est ce que laissent croire les trois pièces qu’on aura pu entendre en guise d’apéritif: toujours inquiétantes, mais encore plus abstraites, laissant tout l’espace à l’interprétation. "C’est plus électronique, ajoute Asselin, il n’y a plus de rythmiques acoustiques, et c’est plus des exercices de claviers (ndlr: donc moins d’échantillonnage), même si je n’en joue pas vraiment et que je construis toute la musique à partir d’un logiciel, puisque je ne connais pas les accords… Aussi, puisque je pense mes chansons comme des musiques de film, avec le prochain disque, il va y avoir un DVD qui comprendra des clips pour chaque pièce."
Si, en fin d’entretien, Asselin émet le souhait que son projet Millimetrik devienne une entité distincte qui lui permette d’éviter qu’on étale son CV à chaque entrevue ou critique, difficile de ne pas voir les vases communicants existant entre ses différents projets. Surtout sur le plan du ton, où la mélancolie et la grisaille l’emportent le plus souvent, que ce soit avec son groupe post-rock Below the Sea, ou derrière le clavier de l’ordinateur où il échafaude ses rêveries atmosphériques pour ex-fumeurs d’opium désabusés.
Aussi, Asselin préfère de loin la suggestion au commentaire éditorial. Induire un sentiment plutôt qu’imposer une opinion. "Il y a beaucoup de sujets sur lesquels j’aimerais me prononcer, dit-il, mais j’ai l’impression de ne pas être assez informé pour le faire, alors je me tais. D’autant plus que sur le premier disque, j’avais inclus des samplings provenant du Vatican et du gouvernement du Canada qui allaient à l’encontre du mariage gai et que certains auditeurs ont pris ça au mot. Je me suis retrouvé à recevoir quelques courriels de personnes qui me croyaient homophobe…"
Par ailleurs, sans toutefois épouser les thèses "houellebecquiennes", les titres de ses nouveaux morceaux se veulent porteurs d’une idée critique à l’endroit de notre culture moderne, qui repose sur le vernis des apparences et sur l’individualisme outrancier. Qu’on pense à Société aseptisée, ou à Foule solitaire, un dernier titre qui cadre d’ailleurs parfaitement avec la production de musiques électroniques, dont les termes sont analogues à ceux que notre monde civilisé met de l’avant. "Tout à fait. Nous sommes de plus en plus fermés sur nous-mêmes et la technologie est de plus en plus abordable, confirme le tisserand sonore. Encore une fois, je vois ça comme des petits films, ces pièces-là: il y a le titre, et avec la musique, tu peux imaginer le scénario." Un scénario de film noir, osera-t-on conclure.
Le 16 juillet à 21 h avec Deadbeat, Crackhaus, Seeker et des projections Kinö
À la Galerie Rouje
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