I Musici de Montréal : La bonne étoile
Musique

I Musici de Montréal : La bonne étoile

D’une carrière de violoncelliste à Moscou à la fondation de l’orchestre de chambre I Musici à Montréal, YULI TUROVSKY ne connaît aucune limite lorsqu’il s’agit de communiquer sa passion. Couronné pour son rayonnement à l’étranger au dernier gala des prix Opus, l’ensemble qu’il a fondé et qui s’apprête à lancer sa 21e saison sera du Festival Bach cette semaine. Rencontre.

Plus de 20 ans après sa création, l’orchestre de chambre I Musici de Montréal continue de sillonner la scène musicale mondiale avec plus de 100 concerts par année à son agenda. Sous la direction de Yuli Turovsky, I Musici vient de faire paraître le disque Klezmer, qui rend hommage à la musique traditionnelle juive, en collaboration avec l’ensemble Kleztory. Un mariage difficile à concilier pour une formation classique? "Non, ce ne fut pas une adaptation difficile, affirme Yuli Turovsky, joint à son domicile plus tôt cette semaine. Elvira Misbakhova (violoniste) et Airat Ichmouratov (clarinettiste), de Kleztory, sont tous deux des interprètes de formation classique. Elvira, entre autres, a été une élève de mon épouse."

Yuli Turovsky ne cache pas les affinités qui le lient à la musique traditionnelle juive, car bien qu’il soit établi au Canada depuis presque 30 ans, le régime communiste reste néanmoins un souvenir impérissable pour lui. "Le klezmer est un style musical spontané, où le rythme est fondamental, explique-t-il. Deux couches d’émotions se distinguent: la nostalgie et la joie. Le compositeur russe Dmitri Chostakovich était passionné de ce répertoire et cultivait beaucoup d’affinités avec la musique juive. Le klezmer, selon ses propres dires, a cette faculté de composer avec la souffrance d’un peuple qui a vécu la persécution."

I Musici aborde donc un répertoire très vaste allant de la musique baroque à la création contemporaine. Un registre surprenant dans un milieu musical sectorisé: "L’intention d’I Musici n’a jamais été de se spécialiser dans un répertoire spécifique, précise Turovsky. Par contre, pour un orchestre de chambre, le répertoire baroque est incontournable. Cela nous permet de constater les racines communes qui se transmettent du baroque à la période romantique. Il y a des particularités harmoniques que nous pouvons reconnaître de Haendel à Robert Schumann, par exemple, ou de Bach à Chostakovich."

Garant d’un contrat exclusif avec la maison de disques anglaise Chandos, I Musici semble vouloir battre des records de productivité avec plus de 40 enregistrements à son actif. Mais vaut-il encore la peine de consacrer autant d’efforts à la production discographique alors que le marché "classique" se porte au plus mal? "Absolument. Le disque est essentiel comme moyen de diffusion, confirme Yuli Turovsky. Cela nous permet d’être distribués dans 55 pays. C’est une carte de visite indispensable. De plus, c’est une possibilité de constater l’évolution de l’orchestre et son développement."

Dans le cadre du Festival Bach à Québec, I Musici offrira un concert baroque extérieur "à la belle étoile".

Le 27 juillet à 20 h
Au Parc Roland-Beaudin
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