Rencontre Xiu Xiu : Faits vécus
Le deuxième album de XIU XIU ( prononcer chou-chou -, A Promise, arbore l’image suivante: un adolescent asiatique tient par la tête un bébé en plastique dans sa paume gauche. Il est nu, agenouillé sur le lit d’une chambre d’hôtel et pose sans gêne devant l’objectif. Il n’y a pas à dire, le groupe américain, basé à Seattle, sait prendre les moyens nécessaires pour capter l’attention.
Mais comment interpréter cette photographie, sachant pertinemment que des gens consomment de la pornographie infantile? Et comment aborder le récent album de Xiu Xiu, Fabulous Muscles, à dominance négative, conséquence d’une série de bouleversements personnels allant du suicide d’un père aux sévices subis par un enfant très proche d’eux, en passant par le désarroi de ses protagonistes face à la politique impérialiste du gouvernement Bush? "Nous ne désirons pas provoquer ni effrayer les gens, ce n’est pas du tout ce que nous recherchons. Notre démarche s’inspire de faits véridiques puisés à même nos expériences personnelles, celles de nos familles ou de nos proches. Nous documentons en quelque sorte ces histoires. La vie elle-même peut être provocante, nous sommes honnêtes et ouverts aux événements entourant nos existences." Xiu Xiu puise crûment dans le drame humain. Jamie Stewart, meneur du groupe, ne s’en cache pas. De même, les créateurs, dont la sincérité le touche, contribuent à l’élaboration de la démarche de l’auteur-compositeur. Que ce soit à travers la 7e symphonie de Chostakovitch, Leningrad, sur le combat contre le nazisme, ou le roman de Robert Beck sur les confessions d’un travesti noir des années 50, ces expériences représentent "des paraboles de notre troublante époque".
Justement, cette pièce pour quatuor, inspirée du conflit au Viêt Nam, sert de prémisse au morceau Support Our Troops OH!. Sur une musique d’ambiance en suspens ponctuée d’éclats de cuivres, de cordes semant la frayeur et d’effets électroniques inquiétants, Stewart livre son texte en spoken word. Il y dépeint les soldats américains tels des assassins sans autre conviction que de suivre des ordres. À l’exception du morceau décrit précédemment, Fabulous Muscles est certainement l’album le plus accessible de Xiu Xiu. "Oui, c’est vrai, nous avons écouté beaucoup de musique pop et beaucoup The Smiths." Le timbre du chanteur ne ressemble peut-être pas à celui de Morrissey mais il a la même charge émotive. Stewart incarne naturellement ses chansons. Malgré la teneur des paroles, les mélodies sont bien présentes et elles charment les sens. De plus, l’électronique constitue un élément primordial dans la structure des pièces. Un peu à la manière des groupes Mouse on Mars et Matmos, Xiu Xiu l’incorpore naturellement aux habituelles guitares, basse, claviers et batterie.
"Nous formons un duo pour cette tournée. Aux instruments s’ajoutent des échantillonnages, mais certains morceaux sont acoustiques. Pour être franc, ce n’est pas toujours évident de reprendre ces chansons soir après soir. Mais Caralee et moi aimons la scène, nous avons beaucoup de plaisir!" reconnaît Jamie Stewart avec un rire que l’on oserait qualifier de machiavélique.
Le 1er août
Au Club Saw
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