Atach Tatuq : Féminin singulier
Musique

Atach Tatuq : Féminin singulier

Si les rappeurs d’Atach Tatuq ont obtenu la grâce des programmateurs des FrancoFolies, qui leur offrent cette année le Spectrum sur un plateau d’argent, il faut d’abord se rappeler leur numéro épique livré au dernier gala MIMI, qui récompense la scène indépendante montréalaise. Alors que la majorité des autres performances s’avéraient plus simplistes – situation normale considérant que l’on ne joue qu’une pièce dans un gala de trois heures ?, les MC d’Atach Tatuq ont débité leur prose appuyés d’une mise en scène, de décors, de costumes et même de break dancers. Plutôt sidérant. "Nous ferons la même chose aux Francos, s’exclame Dee, seule fille à bord du collectif. Assister à un concert rap où les gens bougent de gauche à droite avec un micro entre les mains finit pas devenir lassant. En fait, notre but consiste à changer la vision que les gens ont du rap. Pourquoi le Québec est-il le seul endroit en Amérique du Nord où les radios commerciales refusent de soutenir le rap local? Il faut comprendre ce blocage qui, selon moi, peut être attribuable à l’image négative que certaines personnes ont du milieu hip-hop. On nous perçoit comme des clowns, membres de gangs de rue, avec seulement le mot en bouche. Nous n’avons rien à voir avec ces préjugés et, conséquemment, nos concerts ne misent pas sur l’attitude, mais bien sur la diversité et l’imagination."

Atach Tatuq ne sort pas du ghetto et ses membres gagnent leur vie honnêtement. Dee cuisine sur les plateaux de tournage. "Je fais de la bouffe pour des ingrats", comme elle se plaît à dire. Le soir venu, elle devient, avec J. Kyll de Muzion, l’une des seules rappeuses à Montréal. Une arme redoutable pour Atach Tatuq, qui comprend également les anciens Traumaturges. De l’album La Guerre des Tuqs, que le collectif lançait l’an dernier, la composition de Dee Y a trop d’shit est ressortie du lot, obtenant même une nomination au MIMI pour la chanson de l’année. Aussi contagieuse qu’intense, elle relate avec rage les irritants de la vie quotidienne. "J’étais tellement écœurée de ma situation qu’après avoir écrit la track, j’ai voyagé en Australie pendant un an. Je n’ai constaté l’ampleur qu’avait prise la pièce qu’à mon retour." Prêts pour la découverte?

Le 31 juillet
Au Spectrum

Info: