Cibelle : Un si bel artefact
Musique

Cibelle : Un si bel artefact

Elle vient du Brésil, passe la moitié de sa vie à Londres et parle un peu le français. Première visite aux Francos d’une sirène idyllique qui en a séduit plus d’un… Avez-vous écouté le premier album éponyme de cette fille de Sao Paulo? C’est un drôle de disque de pop brésilienne saupoudrée de bruitages de toutes sortes avec des vieux sons de mellotron un peu partout. Le genre d’artefact légèrement déroutant qui invite à la paresse mais qui peut bien pousser des racines dans votre carrousel si vous lui laissez la chance de tourner quelques fois. "Mon principal souci est de façonner quelque chose qui reste très artistique, murmure la chanteuse depuis l’appartement londonien qui lui sert souvent de pied-à-terre européen depuis deux ans. Mon but n’est pas de me projeter en avant en tant que chanteuse. La voix est secondaire; c’est juste un autre instrument qui s’ajoute aux sons ambiants qui composent l’ensemble." Pourtant, Cibelle a commencé tôt la musique. Après des leçons de piano dès la petite enfance, elle est embrigadée très jeune au Conservatoire qu’elle déserte au bout de deux ans pour se lancer dans le théâtre. Elle fréquente alors les cours d’art dramatique qui lui permettront d’endosser des seconds rôles dans de populaires séries télévisées. Elle incarne aussi plusieurs personnages dans des pubs télé au Brésil, s’implique dans la vidéo d’art et conçoit des sketchs pour MTV là-bas. Puis, à force de traîner dans les jams nocturnes de sa mégapole sud-américaine où elle rencontre le talentueux Suba, elle revient à la scène musicale.

"J’ai le béguin pour toutes les formes d’art. Je me suis acheté un appareil photo numérique et j’ai déjà des tonnes de photos de tous les gens qui m’entourent. Je filme aussi des petits bouts que je monte moi-même frénétiquement. Il y a un running gag dans mon groupe, quand je suis vraiment trop énervée, mes amis disent: "Donnez-lui une caméra, ça va la calmer."

Vingt-cinq ans et une passion boulimique pour la réalisation sonore, le multimédia et les remue-méninges, Cibelle est comme un poisson dans l’eau, "juste heureuse de faire partie de tout ça". Sur son premier album dédié à son ex décédé tragiquement, comme sur le dernier disque de son ami Celso Fonseca, sa voix a bien évolué depuis cette image de chanteuse placide et vaporeuse, cachée dans son coin.

"Au tout début, quand j’ai enregistré avec Suba, certains m’ont comparée à Astrud Gilberto. La vérité, c’est que j’étais pétrifiée de trac dans le studio, j’avais donc une toute petite voix. Sur scène, c’est totalement l’inverse, je m’éclate." Il faut dire qu’il y a une bonne dose d’humour et d’expérimentation dans le concept. À un moment où tout le monde parle d’un nouveau mouvement anti-bossa-nova vieillotte qu’on appelle parfois "Brasilectro", Cibelle refuse de s’arrêter à une définition. "Je ne me considère pas comme une star au Brésil. Mais je n’aime pas être confinée à une petite boîte, et je ne veux pas être étiquetée. Tout ce que je fais est basé sur l’émotion et le changement. Définir cette musique serait pour moi mettre un point final, l’enclaver, stopper l’improvisation et la créativité. D’ailleurs, vous allez voir, ce que nous allons présenter à Montréal est beaucoup plus loud que sur l’album. Préparez-vous à entendre des guitares psychédéliques." Un détail: si vous allez voir le show, le nom de l’artiste se prononce "si-be-li" et vient de la mythologie grecque. Il y a trois options, dit-elle: "Conseillère de Zeus, celle qui avait le pouvoir de changer les hommes en cochons, ou la déesse qui voyait l’avenir." Vu qu’elle déteste l’idée de la deuxième, optons plutôt pour la dernière…

Le 1er août
Au Spectrum
Info: wwww.francofolies.com