Jeanne Cherhal : En toute intimité
C’est assez prestement que la Française JEANNE CHERHAL a débroussaillé son chemin chez nous, armée seulement d’un piano et de textes à teneur mixte, tour à tour réalistes et fantaisistes. Après des passages appréciés à Granby, Tadoussac et Montréal, cette jeune recrue de l’étiquette Tôt ou tard vient partager les fruits d’un second album qui marque un net pas en avant.
Alors que son disque éponyme était la transposition plutôt brute d’une apparition scénique, Douze fois par an a été l’occasion d’utiliser davantage les ressources du studio. Sympathiques guitares par-ci, légère batterie par-là, le tout fut confié aux bons soins et au jugement de l’arrangeur Vincent Segal (Bumcello), que Jeanne Cherhal considère désormais comme un "grand frère". "Je craignais beaucoup de faire des arrangements sur mes chansons, confie Cherhal, car j’avais toujours fait ça "piano-voix". J’avais vraiment la trouille de travailler en studio avec des musiciens, mais je suis très contente de la cohérence sonore qui s’est produite. Il est vrai qu’on a passé très peu de temps en studio, de façon presque live, et que j’ai rencontré des gens qui comprenaient très bien ma perspective."
Alors que Segal s’est gardé les violoncelles et la basse, on retrouve aussi Mathieu Chédid (alias M) parmi le chœur. Dans le douzième morceau de douze Je voudrais dormir, c’est Jacques Higelin qui se pointe pour un bref duo que l’on doit se rejouer en boucle. Si la parolière n’a pas délaissé les petites vignettes cocasses, on sent que son portrait de la féminité laisse maintenant plus d’espace à l’expression de sa vie personnelle, un des facteurs qui contribuent à créer un disque plus immédiatement prenant.
"J’y ai mis un peu plus de moi, de mon intimité. Toutes les chansons ont un rapport plus ou moins direct avec ma personne, je dirais. Mon père, mon corps, ma vision du couple, etc., c’est quelque chose que je m’étais moins accordé sur le premier disque, sûrement pour des questions de maturité ou de pudeur."
Lorsqu’on lui demande quel aspect de la carrière musicale l’agace en priorité, Jeanne Cherhal ne trouve encore rien à répondre. Protégée par une compagnie de disques parmi les moins compromises qui soient, elle arrive à conserver son naturel partout où elle passe, tout en profitant des quelques bienfaits de la semi-notoriété. Et tant qu’elle peut s’adonner à la scène – de loin son sport favori -, tout le reste lui semble bien facile.
Dans le journal de tournée qu’elle tient sur le Web (www.telerama.fr/webzine/jeanne/blog.asp), on peut cependant suivre pas à pas son apprentissage du métier, à travers des anecdotes qui tracent la ligne oscillante des joies et des déceptions. Qu’une seule personne soit mécontente et la voilà qui remet tout en doute, avant de s’élancer avec appétit vers d’autres rencontres. "C’était pas une volonté de ma part. C’est l’hebdomadaire Télérama qui m’a proposé de produire ce journal de bord sur leur site. Malgré la banalité que je pressentais, ce petit panorama me fait découvrir plein d’aspects, dans un ton léger et humoristique." Afin d’éviter une transition trop contrastée avec ses spectacles précédents, l’artiste a choisi de se présenter aux Francos seule avec son guitariste Éric Lohrer. Ensemble, ils s’attarderont surtout à transposer leur fructueuse collaboration de Douze fois par an.
Du 4 au 7 août
Au Monument-National
Info: www.francofolies.com