François Rabbath : Autodidacte en mission
De passage pour deux semaines au Domaine Forget, FRANÇOIS RABBATH aura le loisir de démystifier sa virtuosité unique auprès d’une relève musicale enthousiaste. Joint tout juste à son arrivée de Paris, il nous fait part de sa vision de la musique.
Dans le milieu parfois trop élitiste de la musique classique, François Rabbath se place dans une classe à part. Autodidacte et défenseur d’une philosophie musicale qui a su inspirer une technique de jeu révolutionnaire pour la contrebasse, aucune limite ne semble s’imposer à lui. "C’est une technique qui permet à l’interprète de pouvoir choisir, selon ses aptitudes, entre divers doigtés pour chaque phrasé, explique François Rabbath. C’est une technique qui ne se trouve plus réduite à de simples obligations théoriques obstinées. Elle s’applique autant à la musique classique qu’aux musiciens de jazz, et je dirais même à tous les instruments à cordes."
Après son départ de la Syrie, François Rabbath acquiert une polyvalence unique et ouverte à tous les styles de musique imaginables. N’a-t-il pas constaté une forme de résistance en face d’une telle expression de liberté? "Absolument! souligne-t-il. Lorsque je suis venu m’installer à Paris, il y avait ce mot que je détestais: mais. Rabbath accompagne Charles Aznavour, mais il ne sait pas jouer du classique. Rabbath joue à l’Opéra de Paris, mais il ne peut pas faire du jazz. Rabbath joue avec Duke Ellington, mais ne connaît pas la musique classique. Toujours ce mais. Pourquoi ne pas admettre la qualité ou la simplicité de quelqu’un qui est honnête dans son jeu et qui joue sans se créer de problèmes? C’est complètement stupide."
Les temps changent et François Rabbath constate l’émergence d’une nouvelle génération d’interprètes beaucoup plus ouverts aux expériences musicales. "Chaque musique enrichit le musicien et lui apporte un complément, constate-t-il. Se spécialiser seulement dans un type de musique, c’est bien, mais ce n’est pas aussi riche que si on parlait toutes les langues, par exemple. Dans la musique, c’est pareil. Je pense qu’on peut tout jouer et que ce ne peut être qu’enrichissant."
François Rabbath se produira en compagnie de l’Orchestre de la francophonie canadienne. Variations sur un thème de Paganini de Frank Proto sera au programme.
Le 31 juillet
Au Domaine Forget
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