Prototypes : La dent longue
En pleine guérilla contre les pollueurs d’ondes radiophoniques qui diffusent ad nauseam les mêmes tubes 24 heures sur 24 (rappelons qu’en 2003, les chansons figurant au Top 10 francophone ont occupé 41,7 % de la programmation musicale de l’ensemble des stations commerciales), les radios indépendantes de la province recevaient en mars dernier un véritable cadeau du ciel signé Prototypes. Un 3 min 30 de fraîcheur électro-rock épidémique aux paroles éloquentes: "Danse sur la merde qui passe à la radio / Tout le monde cherche quelque chose à faire / Alors danse sur la merde qui passe à la radio."
De sa France natale, le bassiste de Prototypes, Stéphane Bodin, explique le contexte. "Nous n’écoutons que très rarement les postes commerciaux français. Lorsque nous enregistrions notre album Tout le monde cherche quelque chose à faire, chaque jour de studio se concluait par un embouteillage d’une heure en voiture où, au hasard de la vie, nous fréquentions la bande FM. L’idée de la chanson nous est venue un soir en rentrant à la maison."
Si les multiples chanteurs et chanteuses en manque d’idées créatrices et aux voix interchangeables inondent les ondes québécoises, les fréquences françaises ne présentent guère plus de diversité. "Je suis persuadé que nos stations exaspèrent davantage que les vôtres. Après une vague de musique dance italienne, nous vivons maintenant au son des groupes préfabriqués. De véritables chanteurs en plastique R&B romantico-bas de gamme à casquette et aux chaussures trop grandes. "Toi et moi on est comme ça / Quand on se regarde"… Complètement nul!"
Fondé par Stéphane et François Marché du duo électro-pop Bosco, Prototypes compte également sur la personnalité forte d’Isabelle Le Doussal, repérée alors qu’elle réalisait des performances punk dans des galeries d’art contemporain sous le nom de Bubble Star. Corrosif, l’équilibre ainsi créé s’apparente aux Blondie et Joan Jett de ce monde. Outre les radios, le combo s’en prend aux fils de bourges et aux vedettes instantanées dans Les oreilles qui saignent où Isabelle cause t-shirt préféré qui empeste et tampons usagés! "Les personnalités soudaines produites par la surmédiatisation représentent une forme d’aseptisation culturelle. Nous préférons nettement lorsque ça pue et que ça saigne." En spectacle au Spectrum avec les explosifs Wampas et les destructeurs Breastfeeders. La turbulence des fluides s’annonce irrévocable.
Le 3 août
Au Métropolis
Info: www.francofolies.com