Roxanne Potvin : La dame en bleu
Musique

Roxanne Potvin : La dame en bleu

Blueswoman de 22 ans, ROXANNE POTVIN roule sa bosse depuis quatre ans, et présentait en décembre dernier un premier album envoûtant, Careless Loving. Dans les différents bars et clubs des deux côtés de la rivière des Outaouais, elle ranime le Chicago d’autrefois de sa voix de velours…

Avec un heureux mélange de Chicago blues traditionnel, de Texas rock’n’roll et de West Coast jump, Roxanne Potvin se distingue avec maturité des jeunes femmes de sa génération, qui proposent trop souvent de la musique pop commerciale. "J’ai toujours eu un faible pour la vieille musique en général, j’étais attirée par les oldies et le vieux rock’n’roll. Mes parents étaient de grands fans de classic rock, on écoutait beaucoup de jazz à la maison. C’est sûr que j’ai eu ma phase New Kids On The Block comme plusieurs de ceux qui ont grandi dans les années 80, mais je revenais toujours à la vieille musique, à Elvis Presley… À 14 ans, j’étais passionnée par les Beatles, alors que mes amis écoutaient tous du Nirvana. Le blues a ensuite été une évolution naturelle pour moi. Quand j’ai commencé à vouloir faire de la musique, je savais que c’était ce style qui m’allait", explique celle qui a fait partie de la cuvée 2003 des Grandes Dames du blues aux côtés de Dawn Tyler Watson, Manon Brunet et Mélanie Renaud. "Cette musique est tellement vraie, pure et pleine d’émotions. Il n’y a pas de flafla…"

La jeune guitariste et chanteuse a d’abord sillonné les bars d’Ottawa en tête de Fine Fat Daddy, mais la formation qui comptait l’harmoniciste Frank Scanga s’est dissoute et l’auteure-compositrice offre maintenant son propre matériel. Elle a décidé de gérer sa carrière seule, s’encombrant des tâches de promotion, de relations publiques, et elle organise même ses propres spectacles.

"C’est beaucoup de travail, mais c’est un grand apprentissage pour moi et ça a beaucoup de valeur à mes yeux. Je trouvais important d’apprendre ce côté du métier, je voulais interagir avec les gens du milieu qui "runnent" le côté business des choses, les proprios de clubs… Je voulais apprendre à vendre mon produit, parce que c’est bien de ça qu’il s’agit. J’ai été réticente au début, mais Sue Foley, à qui j’en parlais, m’a fait réaliser que je m’adressais à des personnes normales, que je n’avais pas à les traiter différemment, que je n’avais qu’à rester moi-même; et depuis ce temps, ça va bien." Malgré tout, Roxanne découvre à quel point il n’est pas facile de vivre de son art. La plupart de ses amis musiciens ont tous, comme elle, un second emploi permanent. "Le nombre de bars et de restaurants qui présentent ce genre de spectacles a beaucoup diminué… Pour réussir à en vivre, faudrait être sur la route 8, 9 ou 10 mois par année et jouer presque tous les soirs. La popularité du blues est changeante, c’est une vague, et en ce moment, elle n’est pas des plus fortes", constate avec regret Roxanne Potvin. Son premier album, qu’elle a lancé sous sa propre étiquette, Careless Records, comporte six compositions et quatre reprises d’artistes l’ayant profondément inspirée, soit Ruth Brown, Dinah Washington, Etta James et Buddy Johnson. N’ayant aucune expérience studio, elle avait prévu deux semaines pour l’enregistrement. Il a finalement fallu compter sept mois avant qu’elle ait le disque en main. "Je suis dure avec moi-même. Les gens me disent que je suis ma pire ennemie…J’ai tendance à me décourager, mais je sais maintenant que ce ne sont que des phases… Depuis les quatre dernières années, je suis passée à travers ce cycle à plusieurs reprises, je prends maintenant ça à la légère, sachant que l’inspiration reviendra, doublée de l’amour du métier", conclut la délicate dame du blues.

Jusqu’au 24 août, les mardis
Au Restaurant Fiorentina
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