Bruno Pelletier : Le parrain
Musique

Bruno Pelletier : Le parrain

Il était récemment des festivités de la 50e édition de la Traversée. Il en avait même profité, confie-t-il, non pas pour traverser le lac, mais bien pour en faire le tour à vélo. Il sera de retour dans notre région pour parrainer le Festival Chanson en fête de Saint-Ambroise. Joint sur la route entre Montréal et Québec, parle parle, jase jase avec BRUNO  PELLETIER.

Alors, quoi de neuf maintenant que la tournée

Monde à l’envers est terminée?
"(Rires) En fait, la tournée n’est pas tout à fait terminée, il reste un spectacle de la tournée officielle avec mon équipe. C’est au mois de septembre, un show au Festival des montgolfières de Gatineau. C’est un spectacle que je fais. J’ai invité Gino Vannelli à venir chanter quatre chansons avec moi, sinon le reste, c’est mon show et c’est officiellement le dernier de la tournée Monde à l’envers qui a débuté en janvier 2003. Donc, c’est pratiquement plus d’un an et demi de route à se promener, et dans les salles de spectacles et dans les festivals. Ç’a été une belle tournée, assez longue, qui nous a menés aussi en Europe. Je suis content.

En ce moment, je me sens en super forme, les spectacles vont bien, mais toute bonne chose a une fin! La tournée s’arrête le 5 septembre et après je dois écrire des chansons, et j’ai un projet de comédie musicale pour lequel il y aura une annonce plus officielle cet automne.

En fait, je suis en train de travailler sur deux projets de front: un prochain album qui sortirait d’ici… cinq ans! J’écris des chansons, je suis en processus. Je suis même allé en studio en faire quelques-unes; on est très contents des résultats. Et en plus, parallèlement, il y a un projet de comédie musicale que je chapeaute. Je ne suis pas seulement interprète, mon rôle au sein de la production est beaucoup plus important, c’est pour ça que j’ai accepté ce projet-là et que j’ai très hâte d’en parler un peu plus. Mais pour l’instant, c’est tout ce que je peux dire!"

Est-ce que le spectacle de Saint-Ambroise va ressembler à celui de la tournée qui s’achève?
"Oh non! Pas du tout! Parce qu’en fait, pour le spectacle à Saint-Ambroise, les organisateurs m’ont demandé de faire des chansons dans une version acoustique, donc ça ne ressemble pas du tout à ce que je fais dans le cadre de ma tournée avec mon band et la mise en scène et tout. Pour Saint-Ambroise, j’ai pris deux musiciens et on a réécrit la forme des chansons dans une version acoustique et on va aller les présenter dans leur plus simple appareil (rires). Tout simplement, les chansons d’une façon extrêmement dépouillée. Chaque fois que j’ai fait cet exercice-là, j’ai toujours beaucoup aimé ça et je me suis toujours promis qu’un jour, éventuellement, je monterais une tournée dans cette forme-là.

J’essaie de faire voyager les gens à travers un show, et les mises en scène servent à ça. Mais qui dit mise en scène dit aussi investissement et travail de longue haleine avant de monter sur scène. Moi, c’était ma troisième grosse tournée pour laquelle je montais la mise en scène avec un de mes amis qui s’appelle André-Roch Fortin. Et ça fait trois spectacles qu’on fait ensemble. Là, j’ai un petit peu l’impression d’être allé au bout de moi-même. Ça serait peut-être intéressant de revenir à quelque chose de très épuré, de très simple. C’est dans l’ordre des choses."

Est-ce que ce sera des chansons du dernier album qui seront revisitées de cette façon pour le spectacle de Chanson en fête?
"Il va y en avoir, mais il va aussi y avoir des chansons du passé. Je suis rendu à sept albums, mine de rien. On pige un peu partout et, justement, le fait qu’on change la structure permet de les redécouvrir, de faire autre chose, autrement."

Vous parrainez Chanson en fête de Saint-Ambroise, c’est important pour vous de vous engager au niveau de la relève?
"J’ai été parrain pour Granby, j’ai été parrain pour Cégep en spectacle, il y a longtemps. J’ai eu une maison de disques à Québec où on s’adressait à la relève, et là, il y a Chanson en fête de Saint-Ambroise que j’ai accepté de parrainer cette année. Oui, pour moi, c’est important, encore plus maintenant qu’avant. À l’heure où il se crée de toutes pièces des artistes médiatiquement parlant, je pense que c’est important d’aller livrer les messages de ceux qui choisissent le parcours du combattant (rires), le message d’aller défricher ville après ville, pouce par pouce, d’aller gagner son public un par un, comme plusieurs d’entre nous avons fait. Je pense que ça reste encore et toujours la vraie façon de faire ce métier-là. Ce qu’on voit en ce moment, le succès rapide que des artistes peuvent avoir par la sur-médiatisation, c’est évident que ça peut être très alléchant quand on a soif de reconnaissance, mais c’est une arme à double tranchant et j’en suis convaincu. C’est pour ça que je trouve important d’aller mettre les pieds dans un endroit comme ça.

Cette année, j’ai choisi Chanson en fête. J’y vais et mon message, ça va être de dire qu’il faut absolument continuer à croire qu’il y a plusieurs façons de faire de la chanson. Et une de ces façons-là, c’est de se confronter à ses pairs, à un public, à un jury et d’aller de ville en ville apprendre son métier. Et de ne pas être une star du jour au lendemain. D’être une star en devenir. Moi, j’aime mieux dire un "artiste en devenir"; il y a une nuance.

Et l’autre truc que je trouve important de dire, c’est que gagner un concours, ce n’est vraiment pas important. Ce qui est important, c’est de se confronter à ce que veut dire ce métier-là. De se confronter à sa peur. C’est le premier balbutiement du sens de ce métier-là. Mais gagner ou perdre en soi, ce n’est pas important. Et j’en suis une preuve vivante. Je pense que j’ai fait cinq ou six concours dans ma vie et je n’ai jamais gagné! Ça ne m’a jamais empêché de faire une carrière. L’important, c’est d’avoir ça dans les tripes, c’est une passion! Il ne faut surtout pas s’arrêter au fait qu’on a gagné ou pas! Je trouve ça super important d’aller véhiculer le message que c’est un métier de longue haleine et de persévérance. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de faire les choses, mais les choix qu’on va faire vont impliquer des conséquences et il faut être capable de dire qu’on ne regrette rien."

Ça serait votre message de parrain?
"Oui, si on veut! Mais je trouve ça toujours délicat de me positionner comme détenant la vérité. C’est faux. J’ai envie de dire à ces jeunes que, oui je suis plus vieux, oui j’ai un parcours de 22 ans de métier, mais je doute encore. Je vais venir parler de mon histoire, mais vous aurez la vôtre. Mais de là à aller se positionner comme parrain qui a une vérité à dire et que c’est comme ça que ça se passe et patati et patata…"

Ce serait plus comme un grand frère?
"Oui, c’est ça! (rires) Le grand frère de la musique! Peu importe le mot, en autant que le message passe que je ne suis pas là pour apporter la vérité. Je veux parler avec mon cœur!"

Avez-vous un mot de la fin?
"Je pense que j’en ai dit plein. Tu choisiras! Tiens, je suis à Drummondville en te jasant comme ça."

Le 20 août, dans le carde de Chanson en fête de Saint-Ambroise
À l’amphithéâtre Marcel Claveau