Coral Egan : Divine destinée
Musique

Coral Egan : Divine destinée

Depuis la sortie de son premier album solo, My Favorite Distraction, CORAL EGAN est perçue par plusieurs critiques de musique comme la nouvelle coqueluche féminine du jazz canadien. Même si le succès frappe à sa porte, la jeune interprète gère sa carrière avec beaucoup de prudence et de sagesse. Entretien avec une amoureuse de la vie.

Le téléphone s’anime. Au bout du fil, la voix douce et joyeuse de Coral Egan lance un bonjour incertain, un peu comme si elle avait l’impression de s’adresser à la mauvaise personne. Rapidement, elle explique qu’elle se trouve à l’aéroport; elle attend de prendre son vol pour les Îles-de-la-Madeleine, où elle chantera. Le périple s’annonce agréable. Depuis les dernières semaines, le quotidien de l’artiste à la chevelure d’or prend l’allure d’un véritable carnet de voyages. Elle a d’abord parcouru l’Ouest canadien afin de participer à une série d’événements de jazz, puis elle s’est produite au Festival de jazz de Montréal en juillet dernier. Les spectacles continuent de se multiplier. Son premier album solo, My Favorite Distraction, très bien accueilli au Québec, fait son œuvre. Coral rayonne.

Élevée dans un milieu où la culture musicale a toujours occupé une place prépondérante, la fille de Karen Young a glissé un peu malgré elle dans le monde artistique. Elle se souvient par ailleurs d’une photo de l’album familial où elle tient un microphone alors qu’elle ne sait même pas encore marcher, et aussi de sa première composition, écrite vers l’âge de 14 ans. "Mais je ne me suis jamais dit: "c’est ça que je vais faire!"" Coral Egan a tantôt souhaité être surfeuse, tantôt massothérapeute, des métiers qui s’éloignent étrangement du dodo-métro-boulot. Petite épicurienne, la jeune femme souffre en fait d’une allergie à la routine. "Tous mes rêves tournent autour de choses qui sont l’fun!" rigole-t-elle. Cela explique sans doute sa courte "carrière de compétition" comme joueuse de volley-ball de plage. Une passion qu’elle a dû abandonner pour se consacrer à la chanson, où elle a vraiment l’impression d’être chez elle.

Mots de sagesse
Lancé l’hiver dernier et travaillé de manière instinctive, My Favorite Distraction se révèle un enregistrement tout à fait personnel; il colle parfaitement à la peau de la chanteuse jazz. C’est donc sans étonnement qu’on découvre l’influence de Joni Mitchell dans sa facture. "Je n’aime pas employer le mot idole… Je suis une grande fan de Joni Mitchell. Je l’ai écoutée durant toute mon adolescence." Six mois de recherche ont été nécessaires avant l’entrée en studio. Lors de cette première aventure en solitaire, Coral Egan a été accompagnée par le réalisateur Charles Papasoff, qui a su tirer le meilleur d’elle-même grâce à sa grande ouverture d’esprit. Remy Malo (basse), Gilbert Fredette (batterie) et Guy Kaye (guitare), d’excellents musiciens de la région de Montréal, ont complété l’équipe. La conception de cet opus a demandé beaucoup d’énergie à la chanteuse. Elle avoue malgré tout avoir apprécié chaque moment. Une révélation. "C’est là que j’ai su que j’étais faite pour ça!"

Contrairement à une flopée d’autres artistes, Coral Egan développe sa carrière musicale en visant la durabilité. Plutôt sage dans ses décisions, elle évite les pièges du succès instantané. Elle se garde de chanter des pièces qui ne lui plaisent pas ou de se perdre dans des rythmes qui ne lui conviennent pas. Elle reste toujours fidèle à elle-même, ce qui du coup l’empêche de sentir la pression venant de l’extérieur. Si elle flirte actuellement avec le jazz, l’inconditionnelle de Stevie Wonder soulève la possibilité d’explorer un jour d’autres sonorités. "Maintenant, le jazz est le genre de musique qui m’intéresse le plus. Mais, je ne me limite pas. J’ai une vision à long terme. Ce n’est pas le premier album de Joni Mitchell qui a déterminé sa carrière." Elle ne cache pas non plus les différents courants musicaux sur lesquels s’appuie sa personnalité musicale: le soul, la pop, la musique du monde.

En fait, le principal objectif de l’énergique jeune femme repose dans le fait de créer son propre style. Elle aspire à ce que les gens reconnaissent ses compositions en entendant simplement quelques notes. Un noble labeur qui peut prendre bon nombre d’années. "Je n’éprouve pas le besoin de prouver quelque chose. Je vise la qualité. Ce n’est pas là où je me rends qui est important, mais bien comment je m’y rends", affirme-t-elle avec assurance. "Mes états personnels sont plus importants que l’argent!"

Quelques mots sont prononcés à propos des voyages. Coral semble avoir la tête ailleurs. Drôle de coïncidence, elle m’annonce qu’elle doit partir, que l’avion va bientôt décoller. Au revoir et bon voyage.

Le 20 août à 21h
À l’île-du-Repos
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