Harry Connick Jr. : Harry a un je-ne-sais-quoi
Musique

Harry Connick Jr. : Harry a un je-ne-sais-quoi

Avec son nouvel album Only You, l’éminent crooner HARRY CONNICK JR. continue d’envoûter les femmes du monde entier, ne cessant de peaufiner cet art singulier qu’est le chant de pomme. Parcours et romances d’un prodige  passionné.

Chanteur de charme infaillible, pianiste chevronné, arrangeur, orchestrateur, directeur musical, compositeur et acteur, l’intarissable Harry Connick Jr. lançait en février dernier son 19e album Only You, un mois avant la parution du DVD Only You in Concert, enregistré au Théâtre Capitole de Québec. Après 17 ans d’une prolifique carrière dans les ligues majeures, Connick jouit toujours aussi pleinement de son métier et sait apprécier l’œuvre du temps sur son art. "J’ai l’impression qu’en vieillissant, tu vis encore plus intensément chacune des expériences de la vie", explique-t-il entre deux bouchées, cassant la croûte en plein marathon d’entrevues téléphoniques, quelque part en Pennsylvanie. "Et quand tu chantes des paroles et joues de la musique, tu viens à y laisser entrer davantage tes expériences personnelles à mesure que l’âge avance, car tu en as beaucoup plus d’accumulées qu’à 18 ans", explique-t-il, ajoutant qu’un beau texte constitue pour lui l’ingrédient fondamental d’une bonne chanson d’amour, talonné de près par une jolie mélodie. "C’est plus facile de communiquer des sentiments avec des mots, parce que tout le monde peut les comprendre. Parfois, tu peux tenter d’exprimer des choses par les notes, mais c’est plus difficile à traduire car je crois que la musique est une forme d’art plus abstraite, plus romantique que la poésie. Mais je pense qu’il est possible d’accomplir un bon bout de chemin avec ces deux formes de langage."

Sang show
Son coup de foudre musical, Harry Connick Jr. l’entretient depuis bien des lunes. Dès l’âge de trois ans, il se laisse séduire par le piano familial, et le sort en est jeté. Le jeune garçon démontre aussitôt une grande aisance au clavier, perfectionne son jeu à un rythme effarant, et fait preuve d’un appétit vorace pour l’imposante collection de vinyles de ses parents, tous deux juristes et anciennement propriétaires d’un magasin de disques. À six ans, il donne son premier concert et quatre ans plus tard, il s’initie à l’enregistrement avec un orchestre de jazz local, tout en poursuivant son apprentissage du métier dans les bars et les hôtels de l’enivrante métropole louisianaise. "C’est une ville fabuleuse, s’exclame-t-il. La Nouvelle-Orléans est remplie de musique, de bonne nourriture et il y a toujours beaucoup de festivités… C’était génial d’y grandir et de pouvoir profiter d’un environnement culturel aussi riche."

Connick étudiera d’abord au New Orleans Center for the Creative Arts, puis recevra ensuite les précieux enseignements des maîtres pianistes Ellis Marsalis (père de Wynton et de Branford) et James Booker. "La principale contribution d’Ellis fut probablement de m’inculquer une éthique de travail et d’élargir mes connaissances musicales", analyse le père de deux jeunes filles qui fêtera son 37e anniversaire de naissance le 11 septembre prochain. "Il m’a initié à une foule de genres musicaux différents et m’a fait connaître plusieurs musiciens incroyables; il en connaît long sur l’histoire de la musique… James Booker, pour sa part, est plutôt spécialisé dans un style particulier; j’ai donc exploré avec lui diverses techniques de jeu plus précises… J’en ai appris énormément avec ces deux-là!" C’est un peu plus tard à New York, où il a fréquenté le Hunter College et la Manhattan School of Music, qu’il fera la connaissance du dirigeant des disques Columbia, rencontre qui mènera à la sortie de ses deux premiers albums sur la prestigieuse étiquette (Harry Connick Jr. en 1987 et 20 en 1988). Mais, alors qu’il était jusque-là surtout connu des amateurs de jazz, le talent de Connick est révélé au grand public en 1989, grâce à la trame sonore du film When Harry Met Sally, qui sera certifiée double platine.

Polygammes
Après diverses excursions ces dernières années, notamment dans l’univers de l’enfance (Songs I Heard, récipiendaire d’un Grammy en 2001), vers les airs de Noël (Harry for the Holidays, 2003) et du côté de Broadway (musique de la comédie musicale Thou Shalt Not), Connick revient à la romance sur Only You, une collection de 12 ballades jazzées incluant une nouvelle composition, Other Hours. "L’idée est venue d’un de mes amis, qui est le président de Sony Music (Donnie Ienner): il a grandi dans les années 50 et 60 puis il croyait vraiment que ça serait une bonne idée que j’enregistre des morceaux de cette époque. Alors, je l’ai un peu fait comme une faveur pour lui. J’aime beaucoup ces chansons et il s’agit de pièces que je n’avais jamais pensé enregistrer. Il a été très bon pour moi au fil des années et j’ai pensé que ça serait agréable de faire quelque chose pour lui…"

À l’aise sur les planches comme un poisson dans l’eau, Connick se délecte à chaque prestation aux commandes de son fulgurant big band, assorti d’une section de cordes. Ce qui le stimule le plus dans le jazz? "La liberté! rétorque-t-il sans hésiter. Il y a la forme, la structure, les règles, mais il y a aussi une dose fort appréciable de liberté et de prise de risques. J’aime la combinaison de tous ces éléments… Chaque soir, c’est complètement dément! On n’a jamais rien de vraiment planifié alors chaque concert est différent. Tout peut arriver et c’est là toute l’essence de la chose; il faut vivre le moment présent…"

Les 30 et 31 août
Au Centre national des Arts
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