Jean Ferrat : Le chour à l’ouvrage
C’est un hommage colossal à un artiste tout aussi imposant que propose la deuxième édition de la Semaine internationale de la chanson. Incursion dans l’univers de JEAN FERRAT.
Le chant choral occupe depuis plusieurs décennies une place de choix dans les pratiques culturelles des Québécois. C’est ce que Chanson internationale a bien senti en organisant une deuxième édition de la Semaine internationale de la chanson. L’an dernier, le spectacle Ferland, le chœur à la fête avait rendu hommage à l’un des grands artistes de chez nous, Jean-Pierre Ferland. Cette année, l’événement permettra au public québécois de goûter à nouveau une œuvre avec laquelle il a grandi, celle d’un artiste français auquel il est resté des plus attachés, Jean Ferrat. Une œuvre de choix à laquelle le chant choral peut donner toute sa résonance.
Les chansons de Jean Ferrat traversent l’épreuve du temps. Elles dégagent un humanisme profond qui fait chaud au cœur, une volonté farouche de vivre. Cet homme de "parole" a traduit son intérêt pour de grands poètes en les mettant en musique, permettant à leurs mots de voyager: Federico Garcia Lorca, Bernard Dimey et particulièrement Louis Aragon. Plusieurs amateurs de chanson s’émeuvent encore à l’écoute des Que serais-je sans toi?, Nous dormirons ensemble, J’entends, j’entends, Aimer à perdre la raison. C’est que pour Ferrat, il y va de l’identité même de l’être humain dans l’acte de chérir la langue. C’est pour cela qu’il s’est depuis longtemps senti interpellé par les Québécois: "C’est un pays que j’aime. J’y ai des amis, des chanteurs, le plus ancien étant Gilles Vigneault. Je connais le Québec pour y avoir constaté l’évolution d’un peuple qui affirme, avec authenticité, son identité, sa personnalité. J’aime l’amabilité des Québécois, la façon qu’ils ont d’entrer en contact, leur enthousiasme." Marcel Auclair, porte-parole de l’événement, nous rappelle que ce sont des Québécois, comme François Provencher et Gilles Breton, qui sont à l’origine de ces grands rassemblements de voix.
Le spectacle de samedi ne sera pas une "première": une rencontre semblable autour des chansons de Jean Ferrat a déjà eu lieu en France, à Alesse, en 1999. Carole Bellavance, la directrice de la chorale de 428 choristes (dont 105 venus de France) qui se produira au Colisée, y était. Samedi, c’est la vigueur des mots justes de Ferrat que le chœur format géant réuni pour l’occasion nous rendra de manière festive. Plusieurs chansons ont été ré-harmonisées, et des artistes invités comme Isabelle Aubret, Patrick Norman, Laurence Jalbert et Daniel Boucher interpréteront les chansons à leur façon.
Ferrat et Aubret sont touchés par l’aspect "convivial" du chant choral. Tous les deux restent particulièrement sensibles à la rencontre humaine. Pour Aubret, cet événement sera celui du "partage de l’émotion". Mais l’interprète n’est pas exempte de trac quand il s’agit de chanter des chansons qui ont acquis, avec le temps, une charge émotive certaine: "Tel que le monde nous est proposé, je crains Nuits et Brouillards. Et dire aujourd’hui C’est beau la vie, cela prend du courage!"
Le 21 août à 20 h
Au Colisée
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