Papa Wemba : La grande traversée
D’abord la coqueluche des boîtes dansantes de Kinshasa, PAPA WEMBA est devenu, près de 35 ans plus tard, l’ambassadeur par excellence de la musique congolaise dans le monde. Installé à Paris depuis bientôt 20 ans, il envisage un retour dans son pays, dont il regarde l’avenir avec optimisme.
Le chanteur Papa Wemba était de retour chez lui cet été, le temps d’offrir quelques concerts à ses compatriotes. Les retrouvailles furent des plus chaleureuses et l’accueil, triomphal. "J’aimerais rentrer au pays pour essayer de travailler là-bas, explique-t-il depuis la Ville Lumière, sa cité adoptive. J’ai espoir que mon pays va redémarrer. Il faudra certainement compter plusieurs années, j’en suis conscient, mais je demeure très optimiste, poursuit le jovial musicien de 55 ans. Économiquement et politiquement, ce n’est pas encore stable et il y a toujours plusieurs problèmes préoccupants… Moi, je dirais que la nation est encore au parking; le gouvernement actuel en est un de transition, avec quatre vice-présidents. Le pays se cherche encore, mais l’année prochaine, nous allons passer aux élections présidentielles et ensuite, le président va nommer un premier ministre qui désignera un gouvernement…"
Si en plus de manifester un vif intérêt pour les questions d’affaires publiques il s’est déjà impliqué dans diverses causes humanitaires, Wemba ne s’imagine pas faire le grand saut dans l’arène politique. "Non, ce n’est pas vraiment mon truc… Mais j’aimerais bien aider les politiciens à faire évoluer le volet culturel de mon pays", admet-il, partageant son diagnostic concernant l’état de santé de la musique congolaise et africaine. "Actuellement, nous manquons surtout de techniciens. Et par techniciens, j’entends les managers et tout ça; on n’a pas de structures adéquates pour essayer de mener cette musique-là à bon port. Mais je suis certain qu’un jour l’Afrique fera parler d’elle musicalement, quand nos hommes d’affaires comprendront que c’est toute une industrie, avec un énorme potentiel."
Entre-temps, celui que l’on surnomme affectueusement le Rossignol de Kinshasa ou le Roi de la rhumba-rock profitera de son séjour au Canada pour faire escale au Festival des journées d’Afrique avec une équipe et un répertoire spécialement sélectionnés parmi son vaste arsenal sonore. "J’amène des musiciens qui sont tous de nationalité congolaise, environ une douzaine, et nous ferons seulement le répertoire congolais, explique-t-il. Je ne viens donc pas jouer ma world music plus universelle avec le groupe Molokaï. On va faire la musique typiquement de chez nous", précise celui qui lancera bientôt un nouvel album, intitulé Bravo l’artiste. "Il s’appellera ainsi car je crois que certains ont voulu assassiner mon art en m’envoyant en prison… Mais l’art musical reprendra le dessus", explique-t-il, faisant allusion à ses démêlés avec la justice européenne concernant une histoire d’immigration clandestine. "On attend toujours le verdict, qui tombera cette année ou l’an prochain, mais bon, en un mot, je dirais à tous les jeunes que la prison, ce n’est pas bon, quoi. Ce n’est pas un bon endroit, mais dans mon cas, ça m’a permis de comprendre beaucoup de choses. J’ai fait un effort pour y connaître Dieu et je me suis vraiment lié avec lui… J’ai ressenti une force vraiment incroyable, que je n’oublierai jamais; Dieu m’a parlé et je pense sincèrement que je vais aller avec lui jusqu’au bout…"
Le 6 septembre à 20 h
Au Collège François-Xavier-Garneau
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