Electrelane : Force Électrique
Groupe majoritairement instrumental depuis ses débuts, Electrelane surprenait la galerie au début de 2004 avec l’album The Power Out. Gardant son côté rock-ambiant-expérimental qui s’avoisinait jadis à une trame sonore, le quatuor exclusivement féminin présentait son premier disque où la claviériste et guitariste, Verity Susman, appuyait les compositions de la formation par des textes tantôt fragiles, parfois passionnés. D’une troupe britannique quasi muette, Electrelane fondé en 1998 dans la ville de Brighton est devenu l’un des rares combos multilingues s’exprimant en français, en espagnol et en allemand, sans oublier sa propre langue maternelle.
"Ce ne fut pas une décision spontanée, explique la guitariste Mia Clarke. Nous voulions enregistrer un disque différent du dernier, et musicalement, nous trouvions que le simple son d’une voix pouvait élever nos compositions d’un cran. C’est dans cette optique que s’est inscrit notre désir de varier les langues. Pour certaines pièces, l’anglais coulait de source alors que pour d’autres, la douceur du français ou le désespoir de l’espagnol amenait une sonorité qui collait plus à ce que nous recherchions. Il s’agit souvent d’une question de tempo." Alors que la pièce This Dead reprend en allemand une citation du livre Le gai savoir de Friedrich Nietzsche (Mia commentera d’ailleurs ce geste en précisant qu’il ne s’agit pas d’une décision de groupe qui adhère particulièrement aux pensées du philosophe, mais bien d’un choix personnel de Verity Susman qui a étudié la philosophie), l’album s’ouvre avec Gone Under Sea qui dans un français non loin de celui de la chanteuse Laetitia Sadier évoque les malheurs des marins. La comparaison avec Stereolab s’avère inévitable alors qu’Electrelane se rapproche également de Broadcast.
Différence importante, le groupe adopte autant ce style parfois planant qu’il cajole le rock irrévérencieux des Stooges et les montées expérimentales de Sonic Youth. Si The Power Out semble être enregistré dans une certaine tranquillité partagée par quatre copines, c’est en concert qu’Electrelane déploie toute sa force. Lors de sa visite montréalaise en mars dernier, la formation avait d’ailleurs volé la vedette à la tête d’affiche Ted Leo dans une Sala Rossa complètement renversée par l’intensité rencontrée: fortes guitares pesantes juxtaposées de mélodies vocales et de claviers. "Vrai que nos performances défoncent plus que notre album. Lors de l’enregistrement de Power Out ( mené par Steve Albini ( nous ne cherchions pas vraiment à reproduire notre énergie en spectacle. Les nombreuses tournées depuis la parution du disque nous ont permis de mieux définir notre identité sur scène." Toujours sous la barre d’Albini, le prochain album d’Electrelane tendra justement vers cette propension explosive qui risque bien de détacher ses créatrices de leurs références habituelles. Le groupe entrera en studio en décembre avec une nouvelle bassiste, Ros Murray, qui remplace dorénavant Rachel Dalley.
Le 3 septembre
À la Sala Rossa