La saison des nouveautés musicales : Lancer du disque
Vous vous êtes tous "garrochés" chez le disquaire le plus près pour vous procurer le nouveau Björk? Faites gaffe, la saison des nouveautés musicales ne fait que commencer.
SEPTEMBRE
Après des années d’absence, Gibby Haynes, chanteur et fondateur des Butthole Surfers, refait surface avec un premier effort solo, Gibby Haynes and His Problems, le 7 du mois le plus chargé de la rentrée, côté nouveautés. À preuve, la semaine suivante, les Australiens The Datsuns, et leur deuxième Outta Sight Outta Mind, se bousculeront contre un best of de Korn, un double CD-DJ de Gotan Project, le second des Irlandais The Thrills, la nouveauté de Medeski Martin & Wood ainsi que Showtime, la suite de Boy in the Corner, qui avait valu à Dizzee Rascal le Mercury Prize 2003. Également, showdown country entre Dolly Parton et Willie Nelson. La légende aux impressionnantes… cordes vocales offre à ses fans, sur le CD/DVD Live and Well, un concert de toute beauté enregistré dans la foulée du succès de la compilation-hommage Just Because I’m a Woman. Willie, pour sa part, est live, lui aussi, aux côtés de Keith Richards, Jerry Lee Lewis, Al Green et Lucinda Williams, qui lui rendent tous hommage sur Angels & Outlaws. Williams est également de la partie sur le nouvel Elvis Costello, qui paraît le 21, sur Lost Highway Records. Teinté d’influences gospel et Memphis blues, The Delivery Man nous fait part du penchant pour la Southern Americana de Mr. Diana Krall, et fait appel aux talents de production de Dennis Herring, qui signait la réalisation du dernier Modest Mouse.
La fin du mois nous réserve ensuite The New What Next de Hot Water Music, chez Epitaph, et American Idiot, l’opéra-punk (sans blague) de Green Day. Si on se fie au premier extrait du même nom, il n’y aura pas de quoi se moquer. La pièce est une véritable petite bombe politisée de trois minutes, qui lève haut et fort la voix, et les deux majeurs, sur les politiques douteuses de George W., et dont le riff hyper-accrocheur fait déjà des ravages sur les radios de la planète entière. Du côté de la France, via Marrakech et Londres, Rachid Taha en profite lui aussi pour nous brasser les esprits comme les fesses. Sa dévastatrice adaptation du Rock the Casbah des Clash sera de Tékitoi, un album annoncé à consonance rock, sur lequel on pourra aussi entendre un duo avec Christian Olivier des Têtes Raides et un titre hypnotisant signé Brian Eno. À cette suite de Made in Medina, paru en 2000, s’ajoutent également un deuxième album très anticipé d’Interpol, ainsi que Wonderful Electric, le nouveau Goldfrapp.
OCTOBRE
Loco Locass, Projet Orange et Michel Rivard se bousculent dans les bacs, aux côtés de Tom Waits (Real Gone), Fatboy Slim (Palookaville) et Duran Duran, réunis sur album sous leur forme originale pour la première fois en 18 ans. Les Wild Boys ont déjà mis l’eau à la bouche à leurs fans en début d’année en présentant une compilation-anthologie et une tournée best of, question de souligner leur vingt-cinquième anniversaire; reste à voir si ce nouvel album studio sera assez novateur pour reconquérir les dévots et séduire une nouvelle génération d’enthousiastes.
Marche avant jusqu’à la mi-octobre, alors qu’on pourra découvrir les nouveautés de The Music (Welcome to the North) et des emo-tifs Jimmy Eat World, qui reviennent à la charge avec Futures. Côté découvertes, si Taha a décloisonné le raï, la formation Tinariwen fait littéralement exploser la musique traditionnelle touareg du Mali, la métissant de courants blues, rock et rap. Ce groupe de maquisards engagés devenus poètes-musiciens, stars rebelles du Sahara depuis les années 80, présente Amassakoul, leur première parution nord-américaine.
De plus, les White Stripes et Cesaria Evora présentent tous deux des albums en concert, les Montréalais Simple Plan nous offrent Still Not Getting Any…, un compact made in 514 cet été avec l’aide du légendaire Bob Rock, et Nick Cave se surpasse avec un CD double, Abattoir Blues / Lyre of Orpheus. Du côté canadien, la bibitte de studio Dave "Rave" Ogilvie (Skinny Puppy, Nine Inch Nails, Marilyn Manson) présente son projet Jakalope, auquel Trent Reznor, Kate Bjelland (Babes in Toyland), Monster Magnet, Sons of Freedom et SNFU ont, selon les rumeurs, collaboré. Finalement, presque un an après la mystérieuse disparition d’Elliott Smith, verra le jour From a Basement on a Hill. Dernier souvenir posthume de l’auteur-compositeur-interprète, les pièces de Basement, auxquelles travaillait Smith avant sa mort, furent tirées d’une trentaine de chansons regroupées par son réalisateur Rob Schnapf et Joanna Bolme, une ex-copine, à la demande de la famille de Smith.
NOVEMBRE
Après des mois en studio, puis des semaines à tenter de freiner la parution de matériel perdu, U2 nous réserve, un mois plus tard que prévu, ce qui sera sans doute l’une des plus grosses parutions de l’automne, sinon la plus importante de novembre. Les infos sortent au compte-gouttes à propos de cet album au titre encore inconnu, mais la maison de disques du groupe confirme cependant un premier extrait, Vertigo, ainsi qu’une date de sortie officielle, le 23 novembre. Se joignent à Bono et sa bande les parutions de System of a Down, dont le nouvel album studio fera surface en début de mois, et NOFX, qui, forts de leur tournée Rock Against Bush, arrivent à temps pour l’élection présidentielle américaine avec The Best Songs Ever Written. Un essentiel côté hip-hop, la réédition du virulent Party Music de The Coup, presque introuvable depuis sa parution originale en 2001. Pensez la fureur de Public Enemy et Body Count mêlée à Cannibal Ox et Outkast. Essentiel. Restent enfin à confirmer un nouveau Lauryn Hill, ces temps-ci presque aussi fiable qu’Axl Rose, un album en spectacle de Lucinda Williams, et un premier disque pour les Brazilian Girls, qui en fait n’en sont pas. Les nouvelles coqueluches des bars jazz de Manhattan sont en fait d’origine allemande, portugaise et new-yorkaise, et débarquent avec un premier extrait à la DePhazz intitulé Pussy Marijuana. De quoi faire jaser…